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Les agences de voyages tunisiennes disent tout haut ce qu’elles ont pensé tout bas 23 ans durant

Les agences de voyages tunisiennes disent tout haut ce qu’elles ont pensé tout bas 23 ans durant

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L’assemblée générale ordinaire de la fédération tunisienne des agences de voyages (FTAV), tenue le 26 mars, s’annonçait tendue. Elle s’est effectivement déroulée dans des conditions houleuses. Beaucoup parmi les jeunes adhérents avaient décidé de faire la révolution de leur secteur dans l’objectif de tirer un trait avec le passé. De plus et quelques jours auparavant, le président de la FTAV, Tahar Saïhi, avait annoncé sa démission à  l’issue de l’AGO (voir notre article à  ce sujet) à  cause de dissensions importantes au sein même du bureau directeur et de pressions diverses jugées inacceptables. Le 23 mars en effet, 7 membres du bureau avaient émis des réserves sur le rapport financier sans en préciser les raisons tandis que d’autres ont cherché, par la force, à  faire disparaître des documents !
Dans ce contexte de tension, 130 agents de voyages, sur les 540 adhérents à  la FTAV, ont assisté à  l’assemblée générale afin d’approuver ou pas le rapport moral et financier de la fédération sur la période mai 2009-mars 2011. Tahar Saïhi n’a pu cacher son amertume face au climat au sein de son bureau directeur estimant certains de ses membres comme étant « non crédibles », accusant « ceux qui ont tombé le masque ces derniers temps » tout en dénonçant les « hypocrites » et « ceux qui étaient absents pendant la révolution et qui profitent aujourd’hui de ses retombées ».

En plus de faire face à  des dissensions internes à  son bureau directeur, la FTAV a du affronter un autre courant, celui des jeunes agents de voyages, bien décidés à  faire changer les choses. Mohamed Ali Toumi, directeur général de Kyranis Travel (Tunis), a dénoncé des vices de formes et de fonds dans l’ancien processus électoral de la fédération, pointant du doigt tout un ensemble de facteurs jugés inacceptables et qui menacent l’avenir de la profession d’agent de voyages ne ménageant ni les hôteliers « qui pratiquent des prix inacceptables », ni Amadeus Tunisie « qui s’est transformée en agence de voyages ». Pour Karim Jaziri, de l’agence Lucky Tours (Sousse), le problème de la fédération est politique : « on entre au bureau de la FTAV non pas pour défendre les intérêts de la profession mais pour des raisons politiques » a-t-il déclaré. L’intervenant a appelé à  changer les statuts de la fédération. « La constitution de la Tunisie va changer, donc il faut changer le statut de la FTAV » a-t-il affirmé. Quant à  Dhafer Ltaïef, de l’agence Nord Sud Voyages, il s’est insurgé contre le trésorier de la FTAV qui représente une agence relevant du RCD. « Tahar Saïhi a fait part de laxisme » a accusé pour sa part Faouzi Mejdoub, de l’agence Spécial Tours. « Il s’est laissé déborder par une aile au sein de la fédération, qui a servi ses propres intérêts ». Interrogé sur l’identité de cette personne, F. Mejdoub a accusé «Ridha Baccar, Mondial Tours ». Parlant de l’avenir de la corporation, le patron de Spécial Tours a suggéré de « gérer la FTAV comme une entreprise, de changer les méthodes de travail et l’approche et de se remettre en question ».
Si certaines parmi les propositions émises sont sans aucun doute à  prendre en considération, d’autres agents de voyages, peut-être emportés par leur enthousiasme révolutionnaire, ont porté de graves accusations de corruption à  l’encontre de certains de leurs confrères, sans en apporter des preuves et oubliant quelque peu le sens des réalités. Autant donc dire que cette assemblée générale ordinaire s’est transformée en un forum où l’on est venu laver son linge sale en famille.

Les voix de la sagesse

Dans cette ambiance de dénigrement, certaines voix se sont tout de même élevées pour rendre à  César ce qui lui appartient. Karim Ben Mrad, directeur général de l’agence Punic Tours, a reconnu que « le bureau de Tahar Saïhi a fait de bonnes choses, demandant à  l’intéressé de « rester pour ne pas laisser de vide ». Quant à  Sihem Zaïem, directrice générale de l’agence Tunisivisions, elle a souligné « l’importance d’avoir une FTAV forte, digne et écoutée par tous et c’est quand [nous] sommes unis que nous sommes plus forts ». Mais c’est la montée à  la tribune de Mongi Gueddas, patron de l’agence Hayet Travel et sans aucun doute l’un des doyens du secteur, qui a remis les pendules à  l’heure : « pendant que vous parlez, les partis politiques sont en train de préparer leur programme. Savez-vous quelle sera leur position par rapport au tourisme ? C’est à  cela qu’il faut penser » s’est-il exclamé. « Le plus important, ce n’est pas celui qui préside la FTAV, c’est celui qui pense à  notre destin d’agents de voyages ».
Cette assemblée générale ordinaire, convoquée pour approuver les rapports moral et financier, a finalement servi de tribune aux agences de voyages pour exprimer leur mal-être et les inquiétudes liées à  leur profession. Après des débats qui ont duré plusieurs heures, il a finalement été décidé de provoquer une assemblée générale extraordinaire élective dans les 45 jours pour choisir un nouveau bureau. En attendant, les candidats se devront de préparer leur liste et surtout leur programme de travail. Quant à  Tahar Saïhi -répondant à  la demande générale- il a finalement accepté de sursoir à  sa démission, le temps que de nouvelles élections puissent être organisées et afin d’assurer une transition en douceur.

Hédi HAMDI
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