Italie: Sprintours contre vents et marées
28 avril 2010Dans un contexte d’affaires particulièrement morose, le tour-opérateur Sprintours, opérant à partir de l’Italie, ne baisse pas les bras face à la crise et réussit même à tirer son épingle du jeu.
On n’avait pas vu cela depuis la crise post-11 Septembre. Pas moins d’une dizaine de tour-opérateurs italiens sont restés sur le carreau en 2009, obligés de mettre la clé sous la porte. Parmi eux, quatre programmaient la Tunisie (dont deux, Viaggi del Ventaglio et Teorema Tour, totalisaient à eux-seuls 70.000 clients sur la destination).
Au-delà de cette crise qui a touché les milieux professionnels, la crise économique générale a entraîné une nette réduction des budgets des entreprises et une baisse du pouvoir d’achat des candidats aux voyages toutes destinations confondues. Conséquence : une destination comme la Tunisie par exemple a régressé de 13,5% par rapport à 2008 avec 385.000 arrivées italiennes.
La crise n’a cependant pas été vécue ni gérée de la même manière chez tout le monde. Du côté de chez Sprintours, premier tour-opérateur italien sur la Tunisie, on semble ne pas avoir baissé les bras. La conjoncture a, au contraire, poussé le management à persister dans sa politique de communication soutenue. Profitant d’une petite embellie du marché à l’horizon, Jalel Hebara, président du groupe, a convié 270 agences de voyages italiennes à Sousse pour sa traditionnelle convention annuelle. Le temps d’un week-end (16-19 avril 2010), le réseau commercial du voyagiste a eu l’occasion de découvrir la nouvelle brochure combinée Tunisie-Egypte du voyagiste et de faire directement connaissance avec son nouveau produit SprinClub dans la région, les hôtels Abou Sofiane et Riveira à Port El Kantaoui, qui s’ajoutent au Mouradi Palm Marina, commercialisé sous cette même enseigne en exclusivité sur le marché italien. Pour la saison été 2010, le label SprinClub en Tunisie flottera également sur le Tunisian Village à Hammamet et sur le Mehari à Yasmine Hammamet, en plus du SprinClub Djerba Golf & Spa, navire amiral du T.O en Tunisie.
Chez Sprintours, le mot d’ordre n’a pas changé malgré les soubresauts de la crise : « pas d’économies de bouts de chandelle mais au contraire un produit de qualité et des formules Ultra All Inclusive sur certains hôtels » se défend-on !
Pour Jalel Hebara, la reprise semble en tout cas se confirmer : « nous constatons que la situation actuelle est meilleure que celle de l’année dernière et les nombreuses confirmations de groupes sont des signes qui ne trompent pas, sachant d’autant plus que ces groupes constituent 40 à 50% de notre volume sur la Tunisie » a-t-il déclaré.
CRISE ET REPRISE
Si aujourd’hui les analystes confirment que le marché italien est en phase de reprise, il est cependant encore loin d’avoir retrouvé ses niveaux habituels. Le premier trimestre de l’année n’aura pas contribué à améliorer les choses puisque les chiffres sont demeurés négatifs. C’est cependant sur la saison été que tous les espoirs sont maintenant fondés. Selon les estimations de Mustapha Nasri, directeur de l’ONTT Italie, la croissance du marché l’été prochain sera de 5%. Et c’est bien sur l’été que se situe l’un des problèmes majeurs du marché italien sur la Tunisie. Très concentré sur les pics de juillet et août, celui-ci n’est pas demandeur en hiver. Problématique soutenue par Jalel Hebara, patron de Sprintours, qui estime que le marché italien sur la Tunisie ne pourra jamais évoluer dans le contexte actuel. « Vu la typologie de la clientèle, on ne pourra jamais faire croître le marché si la capacité actuelle en lits n’est pas en mesure d’absorber la demande italienne ». Et c’est justement là où le bas blesse. Pour M. Hebara, « le tourisme tunisien manque de lits; il n’y a pas de nouvelles productions et les hôtels sont en train de vieillir, notamment ceux qui sont situés aux meilleurs emplacements ». Petite lueur d’espoir cependant pour le voyagiste qui espère que la baisse des marchés algériens et tunisiens avec la survenue du mois de Ramadan au mois d’août « va permettre à la clientèle italienne de gagner de l’espace ».
A titre de comparaison, le responsable du T.O, qui est également l’un des spécialistes de l’Egypte, rappelle que de nouvelles stations s’y sont créées ou ont été transformées, engendrant une augmentation du nombre de lits. L’Egypte, justement, qui constitue l’un des principaux concurrents de la Tunisie. Grâce à un effet de mode évident, une proximité de vol (3h30), un climat très favorable qui permet de se baigner en hiver, la destination a de toute évidence les faveurs du marché italien actuellement, au détriment de la Tunisie.
BUDGETS ET PRODUITS
Jalel Hebara le reconnaît et l’affirme à qui veut bien l’entendre : depuis le lancement de son T.O il y a 24 ans, l’ONTT et Tunisair ont toujours été à ses côtés pour le soutenir et pour collaborer étroitement. Cependant, le patron de Sprintours ne peut s’empêcher de déplorer cette année l’absence jusqu’à présent de budget de communication consacré par l’ONTT au marché italien. « J’aurais tant aimé montrer au réseau de ventes réuni à Sousse des visuels d’une campagne publicitaire sur la Tunisie. A défaut, je leur ai montré, sans gaité de cœur, la nouvelle campagne pour l’Egypte. »
Malgré tout et grâce au renforcement de ses engagements sur la Tunisie en 2010, Sprintours se dit confiant sur la saison. Le T.O est également en train de migrer une partie de sa production sur Internet afin de s’inscrire dans l’ère du temps et répondre à une demande évidente d’une nouvelle catégorie de clientèle.
Au départ de l’Italie, il y a donc lieu de s’attendre à une légère reprise, d’autant que de nouveaux T.O ont, entre temps, vu le jour, et pour certains, intégré la Tunisie dans leur production. Comme quoi, les 70.000 clients de Viaggi del Ventaglio et Teorema Tour ne sont pas perdus pour tout le monde.
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