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Faute de touristes, «Le Château» acculé à la reconversion

Faute de touristes, «Le Château» acculé à la reconversion

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C’était l’une des escales incontournables des touristes en circuit dans la région du Cap Bon. « Le Château », centre d’animation touristique situé entre Bouargoub et Borj Hfaiedh, à moins d’une quinzaine de minutes de route de Hammamet, cherche aujourd’hui à se rabattre sur la clientèle locale pour maintenir son activité. « Le tournant, nous l’avons subi le 18 mars, puis, le virage a eu lieu le 26 juin et ce fut le KO » regrette amèrement Ridha Hichri, exploitant des lieux, faisant allusion aux deux attentats ayant visé des touristes en 2015.

Depuis l’année 2000, « Le Château » est en effet loué par des privés auprès de l’Etat (Coopérative Viticole de Bouargoub) qui en ont fait un restaurant pour recevoir les circuits passages-déjeuner lors des excursions organisées par les agences de voyage et les soirées folkloriques, mais pas uniquement. On leur y proposait également des dégustations de vins et des exposés sur la viticulture (en plusieurs langues), le lieu étant adossé à l’un des vignobles et l’une des caves les plus prisées de Tunisie.

« De plus, et lors de la fermeture des grottes d’El Haouaria, les circuits Cap-Bon s’étaient appauvris. L’offre du « Château » nous avait permis de garder un produit diversifié pour nos clients » explique de son côté Faouzi Rommène, agent de voyage et associé du « Château ».

Sauf que la crise touristique a bouleversé la donne. Pour préserver les emplois et la survie du site, Ridha Hichri se rabat désormais vers la clientèle locale. Grâce à la multiplicité des espaces sur tout le complexe, qu’ils soient en plein air ou couverts, il espère aujourd’hui attirer les Tunisiens pour des fins de journée de détente, pour l’organisation de mariages ou pour accueillir des séminaires, des séances de dédicaces de livre ou toute autre activité mêlant le touristique au culturel.

Ridha Hichri, gérant du "Château" de Bouargoub.

Ridha Hichri, gérant du « Château » de Bouargoub.

Les lieux sont en effet atypiques. Situés sur une colline, ils sont entourés de vignobles et de sites archéologiques alentours (site de Vina d’époque romaine). Historiquement, l’édifice a été bâti en 1903 par un dénommé Armando Garcia, un Italien d’origine espagnole. Il avait édifié sa résidence sur ces lieux surplombant un domaine de 500 hectares. Après la seconde Guerre mondiale, le site fut saisi puis, après l’indépendance, mis sous la tutelle de l’Etat tunisien. Dans les années 70, le bâtiment principal fut transformé en une maison d’hôtes et surtout en un restaurant gastronomique, nommé « Bacchus » qui connut ses heures de gloire auprès d’une certaine clientèle de notables de la capitale. On raconte qu’il fallait réserver au moins 15 jours à l’avance pour pouvoir y trouver une table.

Aujourd’hui, le restaurant est toujours fonctionnel sous l’appellation « Le Château », sauf qu’il ne peut servir de boissons alcoolisées qu’aux touristes étrangers. Cette restriction imposée aux exploitants des lieux peut paraître aberrante. Ridha Hichri ne veut pas aborder le sujet, subissant malgré lui cette décision administrative datant de l’avant 2011 et qui n’a pas changé depuis. Ce qui ne l’empêche pas de soutenir que « le meilleur vin de Tunisie est originaire de Bouargoub ». Avec ou sans touristes.

H.H

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