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Les Bizertins veulent-t-ils réellement de leur Marina ?

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Un imbroglio bizertin qui provoque des retards conséquents dans la réalisation du projet et qui crée un climat de tension entre les promoteurs de la Marina d’une part et la société civile et la municipalité de la ville d’autre part.

Le projet de construction de la Marina de Bizerte est en pleine tourmente. Le port de plaisance fait face à  des contraintes administratives de taille, tandis que la construction du Nautilius, immeuble résidentiel de 8 étages situé entre le port et la mer, fait l’objet d’une levée de bouclier de la part de certaines associations locales qui le considèrent comme une menace pour le site historique qui le jouxte.

Et pourtant, la société qui construit actuellement la Marina a obtenu en 2008 une concession pour l’exploitation du plan d’eau (35 ha et 5000 m de quais) pour une période de 30 ans, moyennant la prise en charge des travaux. Ceux-ci sont actuellement en cours de réalisation par un consortium tuniso-belge détenu majoritairement par la société Marina Bizerte (Kaïs Guiga et ses partenaires à  hauteur de 75%) et la société belge CFE (qui détient 25% de l’actionnariat restant).

Quatre composantes dans le projet

Le nouveau port de plaisance de Bizerte sera doté à  terme de 790 postes d’amarrage qui lui permettront de recevoir des bateaux dont la longueur peut atteindre jusqu’à 110 m. Moez Ben Zid, président du Conseil d’administration de la Marina, espère pouvoir déjà  recevoir ses premiers clients dès cet été étant donné que les travaux sont quasiment terminés. Sauf que jusqu’à présent, la municipalité exige 9 MD pour effectuer les raccordements nécessaires à l’eau et à l’électricité, indispensables aux bateaux qui viendront accoster. Pour parer à cette situation, les promoteurs du port envisagent de construire une station de dessalement de l’eau.

La deuxième grande composante du projet comprend une partie immobilière dénommée Nautilius (voir photos en bas). Il s’agit d’une résidence dotée de 275 appartements de haut standing offrant des vues sur la mer, sur le port de plaisance et sur la vieille ville. Les travaux sont théoriquement prévus pour s’achever fin 2014. La construction avance et 35% des appartements auraient déjà été vendus.

Par ailleurs, une croisette avec un ensemble de commerces sera construite tout au long de ce que fut autrefois «La Plage» de la ville comme la surnommait les Bizertins. Ces commerces comprendront au maximum un rez-de-chaussée et un premier niveau. Cette zone offrira également aux plaisanciers tout un ensemble de services avec conciergerie, Yacht Club, capitainerie, etc.

Chantier de maintenance pour les bateaux

Moez Ben Zid ne compte pas s’arrêter là et envisage par ailleurs de créer un chantier de maintenance pour les bateaux qui sera opérationnel fin 2013 et qui sera implanté à Zarzouna et à Menzel Abderrahman. « Le port de plaisance ne doit pas être un simple parking pour bateaux, il doit aussi être en mesure d’offrir des services d’entretien pour assurer sa durabilité. Nous avons les moyens et la main d’œuvre, ce qui a fait dire à certains que la Tunisie, dans ce domaine, est une menace pour les ports au Sud de la Méditerranée » souligne encore le président du Conseil d’administration de la Marina de Bizerte.

Retombées sur l’économie régionale

La situation géographique stratégique de la capitale du Nord est à n’en pas douter l’atout majeur du projet Marina Bizerte. Il est de notoriété publique que les plaisanciers disposent de revenus financiers conséquents. Selon des statistiques, ils dépensent jusqu’à 400 euros par jour et prennent jusqu’à 30 jours de vacances par an.

Dans la région méditerranéenne, il existe selon les estimations 6 millions de bateaux mais seulement 1,5 million de places pour les amarrer. Incontestablement, cela constitue un atout majeur pour la Tunisie qui pourrait accueillir une partie de ces embarcations à la recherche de places, notamment pour l’hivernage.

« Une marina est un vecteur de développement pour l’économie de toute la région » confirme M. Ben Zid. Actuellement, la Marina emploie 250 personnes. Mais du côté du promoteur, on parle à terme de 2500 emplois directs et indirects susceptibles d’être générés par le projet. Un hôtel 5 étoiles devrait également être construit dans la zone de Sidi Salem dès lors que le projet sera achevé.

Vents contraires

Mais certains Bizertins ne semblent pas convaincus par ces atouts et se plaignent des travaux qui perdurent. Plus grave encore, plusieurs associations ont décidé de contester ce projet, l’accusant d’être « né avant la révolution » et d’avoir obtenu des privilèges. Des allégations qui restent à être prouvées.

La société Marina Bizerte est d’ailleurs poursuivie en justice par une partie de la société civile qui estime que l’immeuble Nautilius va défigurer le paysage étant donné sa proximité immédiate avec le fort espagnol et la vieille ville. D’autres contestataires évoquent la menace qui plane sur l’avenir des pêcheurs artisanaux dont les barques sont situées dans l’enceinte du Vieux-Port (relié au nouveau port de plaisance) déjà fortement pollué.

« Nous nous sommes engagés à  régler les problèmes d’avivement des eaux du Vieux-Port par la réparation et l’entretien des pompes défectueuses qui avaient été installées par le ministère de l’Environnement » s’exclame M. Ben Zid à ce sujet. «La propreté d’un port de plaisance est fondamentale, il est impossible de penser que nous n’allons pas accorder l’importance requise à  cette question».

Mais à Bizerte, trois associations ont résolument décidé de ne pas l’entendre de cette oreille. Elles ont d’ailleurs bien failli perturber la journée portes ouvertes qui était organisée hier sur place par la société Marina Bizerte.

Accusations en tous genres

Si le gouverneur a daigné faire le déplacement pour écouter les avis des uns et des autres, le président de la délégation spéciale, qui fait office de maire provisoire, n’a pas jugé bon participer aux débats.

Plus grave encore, des accusations ont été portées à l’encontre de la société à l’initiative du projet. Celle-ci rappelle cependant à qui voudrait bien l’entendre qu’elle a déjà payé 18 MD à l’Etat avant même que n’accoste le premier bateau de plaisance dans le nouveau port de la ville.

Pour l’heure, les responsables de Marina Bizerte défendent bec et ongle leur projet et entendent bien le mener à terme envers et contre tout. A Bizerte, des gens plus raisonnés craignent que la société ne jette l’éponge et s’en aille en claquant la porte, laissant un chantier que personne ne pourra poursuivre. Pour cela, ils en appellent au bon sens.

Pour l’heure, personne ne semble vouloir les écouter. Mais quelque soit l’issue, l’image paisible de Bizerte a sans aucun doute été affectée. De quoi inquiéter tout potentiel investisseur futur dans la région.

Hédi HAMDI
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