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AGO de la FTH : les hôteliers face à  leurs nouveaux démons

AGO de la FTH : les hôteliers face à  leurs nouveaux démons

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Ils étaient physiquement moins d’une centaine à  participer à  l’assemblée générale ordinaire de leur fédération ; précisément 84, porteurs de 41 procurations de leurs confrères, soit 125 hôtels représentés (voir photos ci-dessous). Hier à  Tunis, la Fédération tunisienne de l’hôtellerie (FTH) tenait son assemblée générale ordinaire pour faire le bilan du mandat des trois années du bureau sortant présidé par Mohamed Belajouza. Les débats s’annonçaient houleux, ils ont été à  la limite passionnés. Car dans la conjoncture que traverse le secteur, les hôteliers, maillon fort de la chaîne touristique, semblaient accablés par la multitude d’événements nationaux qui les a frappés depuis deux ans. Derniers en date, ceux relatifs à  Jebel Chaâmbi et leurs conséquences sur l’image du pays en tant que destination touristique. Si les hôteliers ont paru déprimés, ils ont cependant affiché leur ferme volonté de ne pas rester les bras croisés.

La taxe de 2 dinars au cœur des débats

S’il est un thème qui a dominé les débats durant cette assemblée, c’est bien celui de la fameuse taxe de deux dinars que le gouvernement a décidé d’instaurer à  compter de l’automne prochain sur chaque nuitée hôtelière. En fait, c’est le ministre du Tourisme, Jamel Gamra, qui a ouvert les hostilités. Invité à  l’ouverture de la rencontre, il a abordé la question en affirmant qu’elle avait été instaurée dans la loi de Finances 2013 suite à  la demande des professionnels. Gamra n’est pas le premier à  faire cette déclaration. Son prédécesseur avait également soutenu la même thèse (lire). Sur le champ et dans la salle, personne n’a bronché, mais à  peine le ministre parti, le débat sur la question est reparti de plus belle. Ezzeddine El Cadhi a été le premier à  monter au créneau et à  démentir les affirmations du ministre. « Au contraire, au niveau de la Fédération régionale du sud-est, nous nous sommes opposés au principe même de cette taxe » a déclaré l’hôtelier djerbien outré. Mohamed Belajouza lui-même a formellement nié la thèse ministérielle : « jamais la fédération n’a demandé un prélèvement de 2 dinars parce que cela est totalement inapplicable. Un hôtel ne peut pas demander à  un client arrivé avec un voucher de payer 2 dinars par nuitée; on ne peut pas non plus demander aux T.O de prélever ce montant pour nous » a affirmé le président sortant de la FTH.

Ce qu’il faut cependant savoir, c’est que depuis plusieurs années, la FTH avait préconisé la mise en place d’une taxe d’arrivée destinée aux touristes et dont les recettes auraient servi à  renflouer le fameux Fonds de compétitivité du tourisme. Or il se trouve que la future taxe de 2 dinars servira non pas à  renforcer ce Fonds, mais la Caisse de compensation, partant du principe que les touristes profitent des produits subventionnés par l’Etat comme le pain par exemple. En tout état de cause, Mohamed Belajouza espère que le gouvernement reviendra sur cette décision avant son entrée en vigueur.

Les hôteliers cependant ne sont pas opposés au principe d’une taxe d’arrivée comme cela se pratique dans de nombreux pays ; ils sont simplement opposés au principe de devoir la collecter pour le compte de l’administration fiscale en allant la quémander à  leurs clients. L’idée d’un timbre fiscal à  régler à  l’entrée sur le territoire tunisien serait, selon les professionnels du tourisme, la meilleure alternative au débat.

Hôteliers irrités

Les hôteliers présents à  l’assemblée générale de leur fédération n’ont ménagé personne. A commencer par les banques. Si la question de l’endettement a simplement été effleurée, ce sont les relations avec le secteur bancaire qui ont été d’abord pointées du doigt. Mohamed Ghammam, patron de l’hôtel Chichkhan à  Yasmine Hammamet, a fustigé « le changement total de comportement des banques à  l’égard des hôtels » notamment concernant l’octroi d’avances d’avant-saison comme cela était le cas par le passé. M. Ghammam a tiré la sonnette d’alarme quant à  la santé financière des entreprises hôtelières qui sont « malades ».

Mongi Gaddas de son côté, a estimé que les hôteliers étaient une catégorie professionnelle «ignorée» par le gouvernement actuel. Le propriétaire de l’hôtel Dar Hayet à  Hammamet a par ailleurs remis sur la table la question de l’Open Sky et les incidences positives qu’il aurait sur le tourisme tunisien en général s’il venait être appliqué. «Si le ministre du Tourisme est suffisamment fort, qu’il défende cette cause» s’est-il exclamé !

Raillant les prises de position gouvernementale, Zakaria Zgolli, secrétaire général de la FTH a estimé pour sa part que les dirigeants actuels « n’aiment pas le tourisme, mais ils aiment l’argent du tourisme ».

Akram Cherif, directeur général de l’hôtel Andalucia Beach (Bizerte) a soulevé de son côté la problématique de l’image de la Tunisie touristique à  l’étranger due, selon lui, au profil des représentants de l’ONTT à  l’étranger. « Normalement, un représentant de l’ONTT à  l’étranger ne doit être nommé que sur la base de deux critères : soit c’est un homme de communication, soit c’est un homme de marketing. A part cela, il n’a pas de place à  l’étranger car il n’est même pas capable de discuter avec des journalistes » a-t-il prétendu.

Confédération ou UTICA ?

Annoncée depuis longtemps, la future confédération des métiers du tourisme n’a toujours pas vu le jour bien que ses statuts soient fin prêts. Il semblerait simplement que l’occasion propice pour l’annoncer ne se soit pas présentée. Concrètement, cette confédération a pour objectif de rassembler toutes les fédérations et les associations œuvrant dans le tourisme sous un même toit, celui de la Maison du Tourisme. Intervenant à  l’ouverture de l’assemblée générale ordinaire de la FTH, le président de la Fédération tunisienne des agences de voyages (FTAV), Mohamed Ali Toumi, a regretté le retard d’entrée en activité de la confédération malgré les efforts consentis notamment par les deux fédérations. Il a saisi l’occasion pour sensibiliser le ministre sur la situation de la Maison du Tourisme dont le gros œuvre est terminé mais qui n’a pas les moyens d’être achevée. Il a par ailleurs estimé que l’objectif de la confédération du tourisme est de consolider la place des syndicats patronaux et a exclu un rapprochement des fédérations du tourisme avec l’UTICA estimant « ne pas avoir les mêmes problèmes en commun ». Il se trouve toutefois que pour la circonstance, deux représentants de l’UTICA, Khelil Ghariani et Naceur Jeljeli, avaient été conviés et même placés sur l’estrade d’honneur lors de l’assemblée. Ghariani, qui a également pris la parole dans la foulée, dans une invitation à  peine voilée aux hôteliers, a tendu la main à  toute corporation désireuse d’intégrer l’UTICA qui compte déjà  17 fédérations et 285 chambres syndicales. Proposition que Ezzeddine El Kadhi semble avoir approuvé « pour peu que passer sous le parapluie de l’UTICA puisse résoudre certains problèmes récurrents que la FTH n’a pas été en mesure de régler ». Cette nouvelle controverse s’ajoute donc à  la multiplicité des problèmes dans lesquels se débat la profession d’hôtelier.

En attendant les élections

C’est une évidence : les candidats à  la présidence de la FTH cachent bien leur jeu. Plusieurs noms de candidats éventuels ont circulé mais sans qu’il n’y ait de véritables déclarations d’intention affichées. Si l’on a prêté à  un moment l’intention à  Ezzeddine El Cadhi de se présenter, celui-ci a fini par démentir. Mais les candidats potentiellement « présidentiables » ne sont pas légions. Les noms de Habib Bouslama (Nahrawess Hotels), de Afif Kchouk (Bizerta Resort) ou encore de Radhouane Ben Salah (Saphir Palace) ont circulé et continuent de circuler. A moins que le président sortant, Mohamed Belajouza (Seabel Hotels), ne décide de rempiler pour un 3e mandat. Résultats avant la fin de la semaine en cours.

Hédi HAMDI
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