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Djerbahood ou la reviviscence de l’ancienne Hara

Djerbahood ou la reviviscence de l’ancienne Hara

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Le village d’Erriadh à Djerba, originellement connu par « El Hara », a accueilli cet été l’un des évènements artistiques les plus marquants au monde. En recevant plus d’une centaine d’artistes du street-art, cette vieille bourgade de Djerba s’est métamorphosée en quelques semaines en un vrai « musée à ciel ouvert ».

« Rien n’est capable de nous freiner »

A l’origine, l’idée de ce projet, qui a réussi à avoir le soutien du ministère du Tourisme, a été portée par le galeriste franco-tunisien Mehdi Ben Cheikh. Dans une conférence de presse tenue le jeudi 18 septembre au siège du ministère du Tourisme, Nabil Bziouech, chef de cabinet de la ministre du Tourisme a indiqué que toute une équipe avait été mobilisée par son administration pour soutenir cet évènement qui « rejoint toute une stratégie du ministère qui capitalise sur l’évènementiel et l’animation pour la promotion de la destination ». « Par une pareille action, nous avons voulu communiquer un message. Nous avons voulu dire que rien, rien n’est capable de nous freiner » dit Nabil Bziouch qui a rappelé que l’année 2014 fut l’année de l’évènementiel par excellence et que tout un budget a été mis en place pour le soutien des manifestations ayant un important impact sur le tourisme.

Le street-art dialogue avec l’histoire

Mehdi Ben Cheikh qui, lui, utilise le terme « Hara », connotant toute l’histoire des lieux, a souligné que le concept du projet, consistant à métamorphoser tout un village, constitue une première dans le monde et que le choix de Djerba, et de cet endroit en particulier, n’est pas le fruit du hasard. En débarquant sur l’île, les artistes du street-art ne cherchaient pas à apposer simplement leurs signatures sur des murs mais plutôt à revivifier cet endroit ancestral qui a perdu de son charme aux yeux des visiteurs de Djerba. « En se dirigeant vers la Ghriba, les bus ne tournaient jamais à droite pour entrer à El Hara, maintenant, ils commencent à tourner à droite » ; c’est ainsi que Mehdi Ben Cheick a choisi de décrire l’intérêt que commencent à manifester les touristes à ce village depuis que les fresques y ont vu le jour. « Il s’agit d’une nouvelle façon de mettre en valeur le patrimoine tunisien » ajoute-il.

Des retombées économiques importantes

Selon les déclarations du porteur du projet, Djerbahood se dote de toutes les caractéristiques du musée sauf qu’il s’agit d’un musée gratuit, ouvert à quiconque et à n’importe quel moment. Selon lui, il faut deux heures et demie de temps pour parcourir l’ensemble des fresques.

L’effervescence artistique du village n’a pas été sans effet économique. Aujourd’hui, les petits commerces de la bourgade marchent fort à force d’accueillir de nouveaux visiteurs. La bourgade semble aussi à ce jour destinée à accueillir de nouveaux commerces grâce aux flux de touristes et de fans du street-art qui l’animent.

Et si jamais les peintures s’effritent ?

En évoquant la question de la durée de vie des peintures, Mehdi Ben Cheikh a indiqué que celles-ci sont destinées à être durables. Par quels moyens ? L’initiateur du projet a rappelé que plusieurs mesures ont été mises en place aux fins d’assurer la durabilité des œuvres et d’en garantir la pérennité. Mis à part les détails techniques, dont la pose de vernis sur les fresques par exemple, deux associations se seraient portées volontaires pour protéger les œuvres. La première, présidée par Yosra Ben Ammar, a été spécialement créée à cet effet. La deuxième n’est autre que l’association « Ulysse », connue pour son engagement dans tout ce qui affère à la promotion de Djerba.

Quelle réaction des habitants ?

Dans un endroit où l’on s’attache à préserver des architectures ancestrales, il est évidemment difficile d’en imaginer les habitants céder leurs murs à des artistes de street-art. C’est ce qu’a avoué Mehdi Ben Cheikh qui a décrit la surprise des habitants au vu de la métamorphose de leurs maisons. Selon ses dires, cette surprise a cédé la place au soulagement dès que ces personnes se sont aperçues de la qualité des peintures. Le soulagement s’est transformé à son tour en un sentiment de « fierté » chez les propriétaires des maisons, a ajouté Ben Cheikh, au vu des foules venant chaque jour admirer les faits du street-art et de ses effets sur la Hara.

« Avant de commencer l’aventure, j’ai demandé aux artistes d’être conscients de l’endroit et d’en respecter les habitants », explique Mehdi Ben Cheikh. Maintenant, et eu égard aux réactions positives des gens de la bourgade, ce contrat semble parfaitement avoir été rempli par les artistes.

Pour ceux qui déplorent la situation environnementale de Djerba, Djerbahood n’a pas su choisir le bon moment. Pour d’autres, une telle action peut servir à dédramatiser la situation de l’île et à y substituer l’hideur nauséabonde des ordures par la beauté de l’art. En tout état de cause, Djerbahood est une belle expérience qui nous apprend que l’art peut parfois redonner vie à l’histoire puisqu’il suffisait de la touche d’un artiste pour ressusciter les souvenirs d’antan, ceux de l’ancienne Hara de Djerba.

Fédia Abid

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