Mohamed Frikha, PDG de Syphax Airlines : «je trouve injuste de ne pas être traité comme les compagnies étrangères».
8 octobre 2012Rencontre avec le premier responsable de la dernière née des compagnies aériennes privées tunisiennes qui crée actuellement le buzz sur le marché via une politique commerciale qui fait grincer certaines dents et malgré une flotte réduite à deux appareils (2 Airbus A.319). En attendant, Syphax Airlines espère pouvoir opérer en vols quotidiens vers Paris CDG au départ de Tunis-Carthage, si les autorités de tutelle lui délivrent un accord qu’elles ne semblent pas particulièrement pressées de lui remettre.
Quel bilan tirer des premiers mois d’activité de Syphax Airlines en régulier et en charter ?
Le bilan est très positif. Nous avons quatre mois d’activité depuis le mois de mai et durant l’été, nos avions étaient pleins. Sur les vols réguliers, nous avons rendu beaucoup de services aux Tunisiens résidents à l’étranger et même pendant la période de l’Aïd ; c’est un nouveau produit que nous avons lancé et qui a très bien marché, d’ailleurs, il a été suivi par d’autres compagnies. L’idée était de donner des prix très compétitifs pour offrir la possibilité aux Tunisiens de venir pendant le mois de Ramadan et pour l’Aïd.
Au niveau charter, le bilan est également positif et cela représente 50% de notre activité. Nous avons participé au développement du tourisme sur la Tunisie durant la saison été sur les marchés français, polonais et slovaque.
N’est-ce pas là une déviation de votre vocation d’origine qui reposait sur le développement du trafic régulier au départ de Sfax ?
Tout le monde sait que nous avons eu des difficultés à cause d’un blocage. Nous avons été limités sur les destinations par un certain nombre de vols. Les avions, il faut les faire voler, c’est pour cela que nous avons un peu dévié de notre vocation de départ mais ce n’est que conjoncturel. Aujourd’hui, nous sommes en train de travailler sur un plan stratégique de 5 ans, et donc, nous reviendrons à notre vocation initiale, c’est-à -dire être un hub entre le Maghreb, l’Afrique et l’Europe, faire du régulier à des prix intéressants et utiliser Sfax et Tunis comme les points de concentration et les hubs de cette stratégie.
A propos de conjoncture justement, comment voyez-vous l’avenir dans votre plan d’activités futures sur le court-terme tout au moins ?
Là nous entrons dans notre programme d’hiver et nous allons essayer d’être créatifs pour bien gérer cette période qui est toujours difficile. Et avec la conjoncture actuelle en Tunisie, c’est un peu plus difficile, donc nous sommes en train d’imaginer des choses mais nous sommes surtout en train de nous préparer sur le long-terme, c’est-à -dire les 5 années à venir et pour la saison été prochaine.
Avez-vous de nouvelles ouvertures de lignes en perspectives ?
Oui, nous avons de nouvelles ouvertures et nous réfléchissons à l’Afrique, nous allons faire Jeddah en Arabie Saoudite, nous allons bientôt ouvrir la Libye, il y aura le Maroc, mais la concentration des nouvelles lignes va se faire surtout l’été prochain.
Votre flotte actuelle sera-t-elle en mesure de répondre à ces nouvelles ouvertures ?
Bien-sûr, nous avons un plan de flotte sur les 5 ans à venir avec des rajouts tous les ans. J’attends la finalisation de ce plan pour finaliser le nombre d’avions exact et le nombre des destinations exactes pour communiquer.
Vous avez évoqué récemment votre souhait d’introduire Syphax Airlines en bourse de la même manière que vous l’avez fait pour l’autre entreprise que vous dirigez, Telnet. Le sujet est-il toujours d’actualité ?
Bien-sûr. Nous sommes justement en train de finaliser notre plan sur 5 ans pour donner les éléments nécessaires à la bourse de Tunis pour cette introduction qui va être une augmentation de capital.
Syphax compte combien de salariés actuellement ?
Là nous sommes à 150 et nous allons arriver à la fin de notre plan quinquennal à 1000 personnes et peut-être 12 avions.
Entre Telnet et Syphax, quelles sont les synergies que vous avez pu tirer ?
Syphax utilise les forces vives de Telnet au niveau IT, et vues les acquisitions via Airbus, donc Telnet essaye d’en profiter pour la compensation. Par exemple, notre activité aéronautique à Telnet est passée de 50 à 100 ingénieurs actuellement.
Au départ de Tunis, avez-vous aplani les problèmes qui ont marqué le démarrage de vos activités (lire) ?
Je pense que le problème qui a été créé n’avait pas raison de l’être. Pour moi, c’était de la diversion. Et lorsqu’on voit aujourd’hui des compagnies comme Transavia qui fait des vols quotidiens et qui va doubler pour deux vols par jour, des compagnies comme Aigle Azur ou Air Méditerranée qui augmentent leurs fréquences, je pense que c’est injuste de ne pas permettre à Syphax de voler à partir de Tunis avec la fréquence qu’il faut.
Doit-on comprendre qu’il y a encore des blocages ?
Nous attendons des réponses. Nous avons fait des demandes et nous attendons des réponses et comme je l’ai dit, je trouve injuste de ne pas être traité, au minimum, comme les compagnies étrangères.
Propos recueillis par
Hédi HAMDI
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