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Le mécénat culturel au Maghreb, rôles et enjeux

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La Fondation Kamel Lazaar a organisé,vendredi 10 mai, au Musée national du Bardo, un colloque sur le mécénat dans leMaghreb.

Devenir des arts dans les sociétés maghrébines contemporaines, tel est l’intitulé de cette rencontre dirigée par Rachida Triki, professeur d’esthétique, qui a invité une pléiade de spécialistes et d’historiens de l’art. Quatre thèmes ont été abordés, des communications remarquables suivis de débats avec le public et un constat cruel : le mécénat peu connu ou mal défini du public ne figure pas dans les priorités des pouvoirs publics. Les participants ont par ailleurs demandé (pour la énième fois) des informations sur le projet du musée d’art moderne de Tunis.

M. Kamel Lazâar, président de la Fondation du même nom, a esquissé le rôle du mécène dans la vie publique et déploré au passage le peu d’intérêt de l’Etat à  ce secteur « Malgré les difficultés, nous avons tenu à  organiser ce 2ème rendez-vous, à  mon sens nécessaire sinon bénéfique pour les acteurs culturels… et ajoute : «la scène tunisienne est riche, nourrie d’artistes remarquables, il y a une effervescence artistique extraordinaire, il manque des coachs pour que les artistes s’épanouissent davantage ; de mon côté, j’essaie de mobiliser des personnalités d’entrer en scène , convaincu que le Maghreb dispose de potentialités insuffisamment mises en valeur. »

Premier volet : Repenser le rôle des Fondations et du mécénat dans la promotion et la conservation des arts du Maghreb.

Trois spécialistes s’y sont attelés : Ghita Triki, Oussama Rifahi et Wafa Gabsi. La première, Responsable de la Fondation Attijariwafa Bank, Pôle art et culture (Maroc) a esquissé la politique de l’institution qui dispose d’un trésor d’œuvres d’art de grande valeur. Conservation, prêts, expositions permanentes et temporaires, parrainages et projets pour les jeunes ont été au cœur du discours. A l’actif de cette banque, 286 projets et des partenariats solides. Rien dans la stratégie des institutions financières tunisiennes. Hélas !

Oussama Rifahi, Directeur du Fonds arabe pour l’art et la culture (Beyrouth), a relaté les expériences de mécénats en Europe et aux Etats Unis : le premier est interventionniste, le deuxième n’a même pas de ministère de la Culture ; l’Algérie manque de transparence dans ses acquisitions, dans les pays du Golfe où se trouve un marché florissant, ce sont les institutions philanthropiques qui régentent le marché. Au passage, il décrit la politique de son organisme qui consiste à  encourager et suivre la carrière des jeunes artistes arabes.
Wafa Gabsi, critique et historienne d’art contemporain au Maghreb, (Tunisie) a exposé les facettes du mécénat et le rôle des institutions dans le pays.

Deuxième sujet : Le développement des structures muséales. Bernadette Dufrene, muséologue et médiatrice culturelle à  Paris, a déployé l’exemple du Centre Pompidou auquel elle a consacré un ouvrage : Centre Pompidou : trente ans d’histoire.

L’évolution des politiques muséales. 

Aujourd’hui, le musée s’ouvre à  la société, l’initiateur de la politique du Centre Pompidou (Ponthus Hulten) a voulu rapprocher l’œuvre d’art du public. Aussi, de nos jours, l’amateur sans se déplacer peut avoir accès à  la culture, aux expositions permanentes et temporaires, avec une riche documentation sur les œuvres et les artistes. Le musée devient mobile, il va vers le public.

Farid Zahi, critique d’art (Maroc), entame sa communication par une interrogation : le musée est-il une évidence ? Et dénonce l’absence de politique muséale au Maroc. Et il déroule l’histoire des musée, depuis celui érigé par Lyautey à  Casablanca jusqu’à  nos jours. L’architecture des musées que l’Etat construit actuellement, dit-il, ressemble à  des mosquées.
Abdelkader Damani, auteur de plusieurs ouvrages sur l’art et directeur de la plateforme « Veduta » à  Lyon, jette un pavé dans la mare : et si on se débarrassait des musées, interroge –t-il. Et il entame un réquisitoire contre la vision ancienne du musée. Un discours moderne sur sa pratique « curatoriale » à  Lyon, ouverture sur la ville, intervention du public, espace réservé aux jeunes des banlieues, etc. Remous dans le public averti qui attend depuis des décennies la création d’un musée d’art moderne qui abriterait les 12000 œuvres acquises, déposées dans le sous-sol d’un Palais de Ksar Saïd.

Troisième étape : galeries et centre d’art, l’état du marché. Invités, Aïcha Gorgi (galerie du même nom), Selma Feriani (Selma Feriani Galery), Essia Hamdi (Le violon Bleu), Sana Tamzini (Centre national d’art vivant) et Mohamed Ben Slama (B’Chira Art Center).

Les problèmes des galeristes ont été exposés à  plusieurs reprises, mais il ne sera pas de trop de les réitérer. Tous ont salué le bouillonnement de l’art contemporain, l’enthousiasme des jeunes artistes ; dans un même concert, ils ont déploré les entraves à  la libre circulation des œuvres, l’absence de lois régissant le marché de l’art, la création d’un musée d’art contemporain, le manque d’experts et de critiques d’art. Mais malgré tout, affirment- ils, il existe une forte synergie entre les galeristes.
La dernière séance a été consacrée à  la mosaïque, Nacéra Benseddik, historienne du Maghreb antique, épigraphiste et archéologue, a présenté une vue d’ensemble de l’état catastrophique des mosaïques en Algérie. Houcine Tlili, historien de l’art, a insisté sur l’exploitation des scènes anciennes dans la mosaïque moderne et, en fin de colloque, Mehdi Benedetto, artiste mosaïste, a expliqué sa démarche en montrant ses œuvres représentant des copies de tableaux célèbres comme Le Baiser (Klimt).
Ces rencontres sont-elles une sorte de diagnostic de l’état du marché de l’art contemporain, un poste d’observation de l’évolution des pratiques artistiques ? « Elles sont une précieuse occasion pour raffermir les liens entre acteurs de la vie artistique au Maghreb » répond, M. Lazaar.
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