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Voyage avec Lotfi Bouchnak, Maître de chant

Voyage avec Lotfi Bouchnak, Maître de chant

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Fidèle à  ses origines, Lotfi Bouchnak chante pour ses compatriotes depuis des décennies, enregistre pour ses auditeurs dans le monde arabe des airs qui réjouissent et enchantent. Comment, en peu de mots, rendre compte d’une trajectoire chargée d’un répertoire riche, foisonnant d’exploits ? Quel volet ouvrir pour voir et percevoir des mélodies qui attirent les émotions par brassées, exécutées par un ténor d’exception, qui traverse le temps avec une assurance d’un maître ? Le phénomène est précieux, raison suffisante pour cultiver son oreille à  l’écoute de ses chants et veiller sur l’état de ses mélodies.

seuls quelques artistes ont gravi haut les collines du succès. Lui, ce sont les montagnes qu’il escalade avec l’aisance d’un alpiniste chevronné. Natif du quartier Halfaouine à  Tunis en 1954, Lotfi Bouchnak s’adonne tôt au chant et à  la musique instrumentale. Om Kalthoum, les maîtres égyptiens, sont forcément parmi ses idoles. Il s’inscrit à  la Rachidia, apprentissage sous la conduite du virtuose ûdiste et compositeur Ali Sriti, Bouchnak est premier soliste dans la troupe ; il affine ses techniques vocales, aborde tous les genres : Mouwachahat, Adwars et autres Qasids qu’il assimile scrupuleusement. Chez lui, rien ne se donne, tout s’acquiert au prix d’efforts et de volonté. Rien ne lui échappe, ni la poésie arabe « classique », ni le texte dialectal, encore moins les Maqams, chants religieux et autres, ou profanes. Bref, il domine son sujet et au final… la route de la gloire s’ouvre à  lui, naturellement. Commencent alors des tournées couronnées de succès : Paris, Djakarta, Le Caire, Bagdad, Damas, Carthage, Pékin, Casablanca… Des albums qui rencontrent des succès éclatants. Lotfi n’est jamais satisfait, il habite son art, il est habité par ses chants. Né oiseau, il vit pour chanter, alors que d’autres chantent pour vivre.
Eternel inassouvi, il est à  la recherche d’un hypothétique Graal. Il suffit qu’il soit convaincu d’un poème pour qu’il le transforme en morceau de bravoure, en éclats fusants, rendus avec une puissance renversante. Les grandes scènes sont à  lui, il est sollicité de partout, ses airs sont repris du Machrek au Maghreb. Lotfi fredonne en permanence, chante, compose. En dépit de la gloire qu’il porte avec légèreté, il travaille de jour et de nuit. Détail : ce qu’il a enregistré n’est que la partie visible et minime de sa production. Des surprises attendent ses admirateurs.

Votre dernier voyage ?
Dubaï. C’était lors de la célébration du 1er anniversaire de la Révolution en Egypte, en présence de tous le corps diplomatique arabe et étranger, une chanson contre la discorde entre musulmans et coptes en Egypte et, évidemment, j’ai exalté la Révolution en Tunisie.

Votre premier souvenir de voyage ?
Paris en 1973, des vacances. J’étais parti à  la découverte de la ville lumière, la culture, un autre univers.

Quelle est votre occupation au cours d’un vol : lecture de journaux, livre, sommeil … ?
En avion, je n’ai de pensées qu’au concert que je prépare. Le schéma de la salle, le public, les interviews, je réfléchis sans cesse à  ce qui va se passer.

Et au retour ?
Je pense aux résultats des concerts, les retombées de presse, les gens que j’ai découverts…

Le meilleur voyage pour vous : en famille, seul, en couple, entre amis, avec votre troupe… ?
Mes voyages sont toujours liés aux concerts, donc je suis avec la troupe ; échanges d’avis, discussions…

Combien de pays visités ?
Je n’ai pas compté : toute l’Europe d’Est en Ouest, les Etats-Unis, l’Asie, la Chine, le Japon, la Thaïlande, l’Indonésie, le Canada, tout le Monde arabe…

Votre destination préféréeet pourquoi ?
Mes destinations sont toujours en fonction de mon travail, je ne choisis donc pas. Ma destination préférée serait un pays que je n’ai pas visité, Cuba ; merveilleux, j’ai vu beaucoup de documentaires sur le pays, les rythmes afro cubains, les habits chamarrés, les vieilles limousines, enfin un peuple qui vit en dépit de l’embargo, c’est admirable !

Votre meilleur souvenirde voyage ?
[Il réfléchit]. Je dirais Jérusalem, El Qods. Je n’oublierai jamais la coexistence des trois religions monothéiste, la prière, un petit périmètre où se rencontrent les musulmans, les chrétiens et les juifs. Des souvenirs inoubliables

En voyage, êtes-vous inquiet, calme ou impatient d’arriver ?
Je suis tendu, je me concentre sur le concert à  venir, comment le réussir, comment être au plus haut de ma forme.

En voyage professionnel, moyen ou long-courrier, votre classe : Eco, Business ou Première ?
Première toujours, besoin de calme, de concentration.

En voyage, votre look ? cool, jean-basket, costume-cravate ?
Je dois me sentir à  l’aise, donc des habits confortables. C’est important, j’en suis conscient, mais c’est tout de même secondaire.

Quel est votre plus mauvais souvenir de voyage ?
Beau et mauvais à  la fois. C’était au Maroc, en 1994 à  Casablanca, un beau concert réussi en tous points, organisé par l’Institut français de la culture, une prestation qui m’a ouvert les portes du Maroc, succès public et critique. Les Marocains ont découvert ma musique, ma voix, j’en étais heureux. Mais lors de ce voyage, j’ai été opéré d’une hernie cervicale.

La destination de votre prochain voyage ?
Genève. Je suis invité par l’Unesco à  chanter à  l’occasion de la reconnaissance de l’Etat de Palestine.

S’il ne restait qu’une chanson, laquelle garderiez-vous ?
Tounes Ana Ouel Hob (La Tunisie, moi et l’amour).

Quel est votre auteur préféré ?
Je lis Al Ghazali, le sujet du Doute m’habite. Et puis, toute la poésie arabe, de toutes les époques. Je suis un grand lecteur de poésie.

Votre musicien préféré ?
C’est difficile d’en choisir un. Saïd Derouich, un avant-gardiste dans le monde arabe. Beethoven en musique occidentale, pour la profondeur de ses symphonies, ses sonates…

Votre chanteur préféré ?
Ray Charles ; ce n’est pas un hasard qu’on l’ait surnommé The Genuis (le génie). Et puis Mohamed Abdelwahab et Ali Riahi.

Votre chanteuse ?
[Il n’hésite pas un instant]. Om Kalthoum

Votre couleur ?
Le noir, parce qu’il absorbe la lumière. [Dans son studio, nous découvrons ses nouveaux talents de peintre].

Votre plat préféré ?
Le couscous sous toutes ses formes, à  la viande, au poisson, au qadid…

Et la boisson ?
L’eau, pour le goût naturel.

Votre moment du jour préféré ?
La nuit. Je travaille le soir, toujours le noir, ça m’inspire ; je veille tard, pendant ces moments, la vie m’appartient ; le silence, la concentration. Il y a beaucoup d’improvisation dans la musique arabe, une phrase revient dans la bouche de tous les chanteurs ya lil ya ïn (à” ma nuit ! à” mes yeux !) [trad. libre].

La salle où vous rêvez de vous produire ?
Je me suis produit dans des petites et dans de très grandes salles, dans les prestigieux opéras, aussi bien en Europe que dans le Monde arabe. Mais je ne pense pas à  la salle précisément, plutôt comment je dois donner le maximum de moi-même ; le public qui a payé son billet dansun guichet d’une grande salle ou dans un petit théâtre doit en avoir pour son argent. Donc, ce n’est pas l’espace qui m’habite mais plutôt la prestation que je vais fournir.

Le public idéal ?
Tous mes publics apprécient ma musique. Aussi, je ne fais pas de différence entre les uns et les autres.

Votre grande réussite ?
Je ne l’ai pas encore rencontrée ; chaque concert est une expérience unique. A chaque fois, je me sens un chanteur nouveau, qui commence, qui recommence.

Et votre regret ?
Comme le dit si bien Edith Piaf, je ne regrette rien, même si j’ai fait des faux pas. Ces choses ne sont pas calculées, je mets cela sur le compte du destin, j’y crois.

Propos recueillis par
Hamma HANACHI
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