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Voyage avec Fawzi Chekili, musicien de jazz

Voyage avec Fawzi Chekili, musicien de jazz

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Sa renommée a largement dépassé nos frontières pour conquérir la scène internationale de jazz. Initiateur du genre en Tunisie, Fawzi Chekili a su imposer son propre style mélangeant des sonorités arabo-andalouses et tunisiennes à  la musique jazz. Il a commencé par gratter ses premières notes sur des guitares qu’il fabriquait lui-même avec des boites de conserves et des fils de cannes à  pêche avant de découvrir le jazz lorsqu’il était étudiant en Lettres anglaises à  Londres. Fasciné par cette musique, le guitariste a désormais trouvé sa voie. Aujourd’hui, il compte près d’une dizaine d’albums à  son actif, notamment Taqasim (1994), Anfass (2000) ou encore Echhem (2005) et est devenu un grand habitué des prestigieux festivals de jazz. Nous avons rencontré notre « jazzman national » en début d’été, quelques jours avant son départ pour le festival de guitare de Cordoba, pour un portrait-voyage.

Le dernier voyage que vous avez effectué ?
C’était au mois de juin pour le festival « Jazz D’ailleurs » à  Alger. C’était une première pour moi. Je suis un grand habitué de « Dima Jazz », qui a lieu tous les deux ans à  Constantine. La dernière fois remonte à  2010. J’ai joué également en Autriche, à  Vienne et dans une très belle ville du nom de St. Pölten dans le cadre du festival Bühneim Hof, qui réunit chaque année sur la même scène différentes formes d’art allant de la musique au théâtre en passant par la danse.

Quelle est votre destination préférée ? Et pourquoi ?
Sans hésitation New York. En termes de musique et de créativité, je pense que tout s’y « manigance ». Un grand musicien européen a dit que tous les musiciens sérieux (jazz, rock, classique..) vont tous se retrouver un jour à  New York. Et je partage complètement son avis.

Votre meilleur souvenir de voyage ?
Je dirais les Etats-Unis en 1998. J’ai passé un mois à  Chicago où j’ai joué, parlé de ma musique et participé à  différents séminaires universitaires. J’ai surtout fait la rencontre de plusieurs musiciens, notamment une musicienne extraordinaire qui jouait du jazz avec sa harpe et chantait du blues. Elle avait une dextérité dans les doigts vraiment impressionnante. Nous avons même donné un concert ensemble. Je garde également un très bon souvenir de mon voyage au Kazakhstan où j’ai été subjugué par la beauté des paysages et par une culture étrangement différente et proche de la notre.

Le pire souvenir ?
C’était à  Belgrade. Nous étions partis jouer de la musique live mais malheureusement, nous sommes tombés sur un festival de musique « Pop » avec des chanteurs qui arrivaient avec une bande de son toute prête. Nous étions donc comme des martiens avec nos instruments de musique. Je crois que c’était avant la dissolution de la Yougoslavie et peut-être même avant la chute du Mur. Mais, je dirais que c’était de mauvais et bons souvenirs. Je n’avais jamais pensé aller à  Belgrade un jour et pourtant j’y étais. La musique est vraiment magnifique pour cela. Un ami musicien me montre souvent son naï et me dit : « Grâce à  ce petit bout de bambou, je voyage dans le monde entier » et je lui réponds toujours : «ce n’est pas le bout de bambou qui te fait voyager mais plutôt ton talent».

En avion, vous êtes plutôt dormeur, anxieux, impatient d’arriver ?
Non, je ne suis pas dormeur sauf si je suis vraiment fatigué. Je ne suis pas non plus anxieux. Etant jeune, j’avais une petite appréhension particulièrement des petits avions. Mais cela s’est estompé avec le temps. A force de prendre l’avion, j’arrive à  comprendre certains bruits et expliquer certaines turbulences. Donc, je me sens rassuré, spécialement quand je pense à  tous les avions qui volent tous les jours. En revanche, j’ai la phobie de rater l’avion. Et généralement, la veille de mon départ, je ne dors pas ou très peu.

Vous voyagez léger ?
Oui, absolument. J’ai déjà  ma guitare. Donc, je deviens de plus en plus minimaliste. Je prends l’essentiel avec moi. De plus, aujourd’hui, l’on trouve pratiquement tout dans les hôtels, du savon, du shampooing, de la crème à  raser, des serviettes… contrairement à  vingt ans en arrière, il fallait tout trimbaler avec soi. Je me souviens que l’on voyageait avec des valises gigantesques.

Quel objet dont vous ne vous séparez jamais trouve-t-on dans votre valise ?
Je n’ai pas d’objet fétiche. Cependant, je ne peux pas voyager sans mes partitions évidemment. Aujourd’hui, grâce à  la technologie, je n’ai plus besoin de me promener avec des dizaines de livres et partitions dans ma valise. Je prends seulement ma tablette où elles sont toutes répertoriées.

Y a-t-il un objet qu’on ne trouve jamais dans vos bagages ?
Je dirais une arme. Mais plus sérieusement, à  chaque voyage, je me dis que je dois ramener du café avec moi. Il est difficile de trouver du bon café dans les hôtels, à  part bien-sûr en Italie. Généralement, il mérite sa réputation de « jus de chaussettes ». Mais à  vrai dire, je ne l’ai jamais encore fait.

Votre compagnon de voyage ? Livre, mp3, lecteur dvd, ordinateur portable ?
La guitare bien-sûr. Avant le concert, je suis toujours un peu stressé. Donc, je passe mon temps à  jouer. Mais bizarrement, je n’écoute pas de musique. Je lis un peu, essentiellement des magazines spécialisés dans la musique comme Jazz Mag. Mais je ne suis pas un grand passionné de lecture. Je lis surtout des bouquins sur la musique.

Le must du voyage pour vous, est-ce en solo, en famille, avec des amis ?
Je n’aime pas voyager seul. Je trouve que le voyage doit être un partage, soit avec la famille, les amis ou les musiciens. Je pars bientôt avec trois musiciens pour le festival de la guitare et je suis vraiment ravi de faire le voyage avec eux. C’est beaucoup plus agréable de partir à  quatre que seul. De plus, cette fois-ci, ce ne sera pas un vol direct. Nous allons prendre l’avion pour la France, ensuite le train pour arriver jusqu’en Espagne.

Pour vos déplacements professionnels, vous exigez la First, la Business ou vous contentez-vous de la classe économique?
Non, la classe économique. Ce sont les billets que l’on nous envoie le plus souvent. Et c’est souvent très bien, elles sont généralement assez confortables.

Votre look vestimentaire en voyage : jean et basket ou costard-cravate ?
Jeans baskets définitivement. Mais je prends toujours avec moi des baskets en cuir pour pouvoir les porter sur scène, avec un pantalon et une chemise bien évidemment. Elles sont confortables tout en étant habillées.

Combien de pays vous avez déjà  visités ?
Je ne sais pas : les Etats-Unis, la France, l’Espagne, l’Italie, l’Autriche, l’Algérie, l’Angleterre… J’adore la France, spécialement Marseille, j’y ai vécu six mois et j’ai eu la chance d’habiter au Vieux port. Je n’aime pas aller courir les concerts, je préfère me produire sur des scènes bien aménagées et bien équipées avec une bonne sono. Je ne sais pas si c’est l’âge mais je deviens de plus en plus exigeant.

Votre prochain voyage ?
Je pars pour le festival de la guitare de Cordoba. C’est la rencontre de toutes les formes de guitare. J’en suis vraiment ravi. Je vais me retrouver avec de grands noms de la guitare. Et rien que d’y penser, je me sens déjà  au 7ème ciel.

Une destination dont vous rêvez, à  part New York ?
Je rêve de la Scandinavie. Je n’ai jamais eu l’occasion de la visiter, pourtant, j’y connais beaucoup d’amis musiciens qui m’ont invité à  plusieurs reprises. J’ai envie d’aller en Norvège. Je connais un peu la scène jazz là -bas. Les musiciens sont vraiment géniaux. A mon avis, le jazz européen du côté de la Scandinavie est vraiment au summum. Paris reste également un rêve pour moi. Je pense au film « Autour de minuit » de Bertrand Tavernier (1986) qui évoque de façon romancée la vie du saxophoniste Lester Young et du pianiste Bud Powell et qui se déroule précisément dans le fameux quartier de Saint Germain. Cela fait vraiment rêver !

J’ai l’impression que le voyage et la musique sont très liés pour vous. Avez-vous fait un voyage sans votre guitare ?
Récemment, j’ai fait une croisière autour de la Méditerranée et je n’ai pas pris ma guitare. Je me suis retrouvé dans un contexte de touristes avec des gens qui se prélassaient autour de la piscine. J’aime la mer et les croisières qui sont synonymes de départ vers l’inconnu. Quand j’étais jeune, je rêvais souvent d’aller en Italie que l’on pouvait apercevoir de Kélibia. En bateau, nous sommes passés juste à  côté de la Sicile et je peux vous dire que cela m’a fait quelque chose. Mais, le côté touriste « farniente » ne me ressemble pas beaucoup et ma guitare m’a vraiment manqué.

Propos recueillis par 
Nadia ARFAOUI
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