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TEMEL KOTIL, président de l’Association européenne du transport aérien (AEA) et P-dg. de la compagnie Turkish Airlines : «Cherchez le succès dans la force de la nature»

TEMEL KOTIL, président de l’Association européenne du transport aérien (AEA) et P-dg. de la compagnie Turkish Airlines : «Cherchez le succès dans la force de la nature»

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Pourquoi autant d’assurance dans l’avenir du transport aérien ? «Dans 20 ans, le transport aérien va tripler. Il y a maintenant 22.000 avions qui transportent 4,7 billions de passagers par an. Les constructeurs Boeing et Airbus estiment qu’en 2025, il y aura 40.000 appareils dans le ciel et que l’on passera alors à  10 billions de passagers par an», explique-t-il. «Il ne faut pas oublier non plus que les gens voyagent d’abord et, ensuite, font du business», souligne-t-il. «Il ne faut pas oublier non plus que chaque million supplémentaire de passagers génère mille emplois directs et deux mille emplois indirects», d’où l’importance de cette industrie, rappelle-t-il.

Une compagnie au huitième rang mondial

Ceci dit, il met en garde contre la politique fiscale de certains pays qui pénalise en quelque sorte le transport aérien, comme la prolifération des taxes aéroportuaires. En effet, il assure que «la contribution du transport aérien à  l’économie d’un pays est de cinq fois plus importante que les taxes». Pour baliser la voie du succès à  une compagnie aérienne, l’homme -qui a su propulser sa compagnie au huitième rang mondial en quelques années- exhorte les managers à  puiser dans la sagesse parentale les quelques consignes de la réussite. «Si vous révisez bien vos cours, vous ferez bien vos devoirs et vous allez sûrement réussir». C’est le conseil que font généralement les parents à  leurs enfants et nous ne devons jamais l’oublier même adultes, car le succès dans les affaires en reste toujours tributaire, assure Temel Kotil, P.-d.- g de Turkish Airlines.

Ce manager d’une exceptionnelle vision n’est pas le genre directeur-dictateur. Pour cet ancien professeur d’université, la communication managériale n’est pas «je le dis, tu l’exécutes», mais plutôt «qu’on le fasse ensemble». «Si l’on aligne les idées dans la même direction, c’est comme semer un grain et l’arroser d’eau. L’écosystème va réagir positivement et permettre l’éclosion et la croissance», affirme-t-il. M. Kotil, qui met à  l’aise ses interlocuteurs avec son large sourire, a pu ainsi réaliser un tour de force et propulser sa compagnie au rang des transporteurs aériens les plus importants dans le monde, grâce à  cette philosophie du développement qui puise dans la force de la nature tous ses secrets. «Dans le monde, tout est naturel — les plantes, les entreprises, les personnes. Si deux arbres poussent l’un à  côté de l’autre, l’un peut aller plus haut, l’autre moins. Mais avec le temps et la croissance, ils vont s’équilibrer. Les compagnies aériennes ont aussi leur taille naturelle. Vous pouvez utiliser la «force musculaire» pour grandir, mais, à  un certain moment, les concurrents et leurs marchés naturels interviendront.

Transporter 59,5 millions vers 260 destinations

La taille naturelle de notre compagnie est beaucoup plus élevée que celle d’aujourd’hui. Lorsque Turkish Airlines a commencé sa restructuration en 2003, nous avions 10,4 millions de passagers. Cette année, nous allons en transporter 59,5 millions vers 260 destinations. Notre objectif dans cinq à  dix ans est de 300 destinations. C’est la taille à  laquelle nous sommes censés arriver. C’est pourquoi nous allons continuer notre croissance», assure M. Kotil. C’est d’ailleurs la raison qui explique le plan de flotte très ambitieux de Turkish Airlines. «Nous avons maintenant environ 1 300 vols par jour et 267 appareils. Si nous doublons nos vols, nous devrons avoir deux fois plus d’avions. Nous avons fixé un nombre total de 375 appareils en exploitation en 2020, mais nous allons très bientôt annoncer combien d’Airbus seront achetés dans un proche avenir», assure-t-il. «Il faut être dans la capacité et non en sous-capacité pour pouvoir résister à  la concurrence», ajoute notre interlocuteur.

Tunis, comme Istanbul, est un hub naturel

En effet, cette année, la compagnie ajoute un nombre record de nouvelles destinations comme Buenos Aires, Novossibirsk et Samara en Russie, Bilbao et La Coruña, Abidjan, Aalborg et Billund, Brême et Leipzig, Edimbourg, Ulan Bator, Kinshasa, Abuja et Kano en Afrique. Ceci dit, la position géographique joue-t-elle en faveur du développement des compagnies aériennes ? «Absolument», répond M. Kotil. «Tunis, comme Istanbul, est un hub naturel. Il y a des pays qui peuvent être considérés comme des ponts entre les continents. Le recours aux petits porteurs pour des trajets qui ne dépassent pas trois heures de vol est un facteur de compétitivité qui agit sur les prix. Istanbul est de ce fait le centre naturel de l’Europe pour un voyage en Asie et en Afrique», déclare-t-il. Pourquoi l’Afrique ? « Pour nous, l’Afrique est un nouveau marché, un faiseur d’argent. Si l’on augmente le trafic vers l’Afrique, par exemple de 10 %, nous attirerons 10 % de passagers européens en plus. C’est aussi simple que cela».

Le plus grand aéroport d’Europe après HeathrowEt voilà  qu’un nouvel aéroport viendra à  la rescousse. «Cet aéroport sera plus grand que tout autre en Europe, et le troisième plus grand au monde après Atlanta et Pékin. Notre emplacement est tout simplement parfait. A Istanbul, nous sommes assis sur une mine d’or. Nous sommes à  l’ouest de l’est et à  l’est de l’ouest, aux portes du Proche-Orient, non loin de l’Afrique et de la Russie, une situation idéale. Nous avons maintenant des parts de marché de 66 % pour les passagers en transit entre l’Europe, l’Extrême-Orient, le Moyen- Orient et l’Afrique. Le nouvel aéroport va conforter notre position en tant que «hub» naturel. Il sera spacieux, moderne et pratique pour les allées et venues des passagers. Istanbul-Atatürk, l’actuel aéroport du côté européen, sera déjà  le plus grand d’Europe après Heathrow à  la fin de cette année par le nombre de vols par semaine», souligne M. Kotil, qui ne craint point le défi des compagnies concurrentes, notamment celles du Golfe. «La réalité est sur la carte : nous veillons à  attirer davantage de passagers vers notre plateforme et les compagnies du Golfe font la même chose. En tant que compagnie européenne, nous sommes le plus gros transporteur vers l’Extrême- Orient, le Moyen-Orient, l’Afrique», assène-t-il.

 C.B.N
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