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Open Sky en Tunisie : à quand le dénouement ?

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La Tunisie est-elle prête aujourd’hui pour l’Open Sky ? C’est la question phare et récurrente autour de laquelle s’est tenu un grand débat à l’occasion de la conférence internationale sur le sujet qui vient d’avoir lieu à l’initiative de la Fédération tunisienne des agences de voyages et de tourisme (FTAV) qui fêtait son 50e anniversaire.

La Tunisie est déjà en pleines négociations avec l’Union européenne sur la perspective de la libéralisation de ses services aériens, plus communément connue sous le nom d’Open Sky, qui concerne non seulement le transport des personnes mais également des marchandises. Mais l’ouverture du ciel tunisien aux compagnies aériennes étrangères et notamment les low cost inquiète non seulement la compagnie Tunisair mais aussi les agences de voyages qui s’interrogent si l’Open Sky leur sera finalement bénéfique ou, au contraire, chargé de risques. « Doit-on se réjouir de l’ouverture du ciel aux compagnies aériennes low cost ou bien au contraire doit-on y voir un déluge qui risque d’emporter notre profession, tant ceux qui exercent dans la billetterie que les réceptifs de T.O ? » a délcaré Mohamed Ali Toumi, président de la FTAV, à l’ouverture de la conférence. « Les agents de voyage sont dans l’expectative et l’Open Sky est pour eux un grand saut dans l’inconnu » a ajouté à ce propos Ahmed Smaoui, expert en Tourisme, ancien ministre des Transports et ancien PDG de Tunisair et de l’ONTT.

Un anniversaire et une occasion

Il a fallu que la FTAV provoque un débat sur l’Open Sky pour que les autorités de tutelle sortent de leur mutisme et apportent de nouveaux éclaircissements sur la question. Ainsi, pour célébrer son cinquantième anniversaire, la fédération a organisé une conférence réunissant experts nationaux et internationaux aussi bien dans le domaine du tourisme que celui du transport aérien et de l’aviation civile. L’évènement a été marqué par la présence de la ministre du Tourisme, Amel Karboul, et de son homologue au Transport, Chiheb ben Ahmed. Les participants y sont tous allés de leurs analyses autour de la libéralisation des services aériens avec l’Union Européenne (UE). Certains y voient de réelles opportunités pour le tourisme et l’économie dans sa globalité, alors que d’autres, plus méfiants et beaucoup plus sceptiques, y voient des menaces arriver au galop. Les avis étaient donc partagés entre les réticents, qui jouent la carte de la prudence, et les impatients qui veulent faire aboutir rapidement ce projet dont les négociations passeront le 26 et 27 juin 2014 au 3ème round à Tunis. Pour ce passage imminent au 3ème round, la FTAV a justement recommandé que « le processus de négociations Tunisie – UE soit soutenu et accompagné dans un élan solidaire par tous les organismes nationaux et professionnels du secteur du tourisme et des voyages ».

Encore le flou artistique pour un calendrier précis

Même si, des deux côtés, la problématique est parfaitement bien cernée, un résultat chiffrable de l’impact de cette libéralisation sur le secteur du tourisme fait toutefois défaut. Les variables sont multiples et nous sommes loin d’une simple relation de cause à effet. De surcroît, une réponse claire avec une date définitive sur l’entrée en vigueur de l’Open Sky en Tunisie était impossible à divulguer lors de cette conférence. « Nous avançons dans les négociations avec l’UE mais nous n’avons pas encore de date précise » a affirmé le ministre du Transport, Chiheb ben Ahmed, suite à la question explicite qui lui a été posée par la directrice générale de l’ONTT : « existe-t-il aujourd’hui un agenda précis pour l’Open Sky ? ». D’ailleurs, le directeur général de l’Aviation civile a déclaré que pour préserver les intérêts de la Tunisie, les négociations prendraient s’il le faut 5 ou 6 rounds !

Le ministre du Transport a pris ensuite de nouveaux accents pour annoncer sa décision « d’associer les opérateurs du secteur au sein d’une task force pour contribuer au débat et l’enrichir au mieux des intérêts des opérateurs du tourisme et des voyages afin d’en tenir compte lors des négociations avec l’UE lors des rounds suivants ». Décision dont s’est félicitée la FTAV. Par ailleurs, les bilans d’autres pays qui ont tenté l’expérience de l’Open Sky notamment la France, le Maroc et la Jordanie, ont servi tout au long de la conférence, à aiguiller les arguments des uns et des autres et à les conforter dans leurs positions.

Tunisair entre craintes et appréhensions

Force a été de constater que la compagnie nationale Tunisair est restée au centre du débat. Plusieurs intervenants ont abordé le positionnement de l’opérateur aérien avec beaucoup de tact et de diplomatie. « Tunisair est le vivier du développement touristique en Tunisie » a souligné Michel de Blust, secrétaire général de l’ECTAA (l’Association européenne des agences de voyages et des tour-opérateurs), avant de lâcher : « en Europe, l’Open Sky a pris dix ans de négociations et de préparations du marché », comme pour légitimer l’inquiétude de l’opérateur historique. Il a été rappelé qu’une panoplie de mesures a été mise en œuvre pour préparer le marché tunisien à cette libéralisation. Formation des ressources humaines, augmentation de la capacité d’accueil de l’aéroport Tunis-Carthage, amélioration de la sécurité et restructuration financière des compagnies aériennes locales sont les principales mesures en cours de réalisation. Khaled Chelly, directeur général-adjoint de Tunisair, s’est tout d’abord inscrit en faux contre ceux qui prétendent que Tunisair est à l’origine du blocage de l’Open Sky en Tunisie. Il a par ailleurs admis que des mesures devaient être entamées et finalisées, autrement, « l’impact de l’Open Sky sera douloureux pas seulement pour Tunisair. Il pourra aussi être mortel pour notre pavillon national et l’économie de notre pays » a-t-il estimé. Et de rajouter que « ce n’est pas l’Open Sky qui va résoudre les problèmes du tourisme car, même s’il s’agit d’un facteur important, son impact n’est pas évident ». Il faudrait donc plus de temps pour se préparer davantage à l’ouverture totale et irréversible du ciel tunisien. Enfin, le haut responsable de Tunisair a évoqué « le bilan discutable du Maroc » en matière d’Open Sky et celui de la Jordanie « qui n’a obtenu aucune retombée de la libéralisation de son ciel » a-t-il révélé à son auditoire pour argumenter son point de vue.

Le leitmotiv des partisans de l’Open Sky : il faut y aller

Les grands gagnants de ce projet sont supposés être les hôteliers et bien sûr les usagers du transport aérien, c’est-à-dire les passagers. Avec une concurrence plus importante, les prix des billets d’avions seront nivelés par le bas et la tentation de venir plus fréquemment en Tunisie, pour des séjours brefs en vols secs et avec des compagnies low cost, sera plus grande. Par conséquent, les experts européens sont unanimes quant à la levée des contraintes handicapantes et restrictives pour libéraliser le trafic ainsi que les investissements dans le secteur du transport aérien en Tunisie. La destination Tunisie étant géographiquement proche de l’Europe, « il y aura la relance d’une nouvelle demande et la création de grandes opportunités pour le tourisme grâce aux effets catalytiques attendus de l’Open Sky » a déclaré Narjess Abdennebi, Chef de section de l’analyse et de la politique économiques à l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) à Montréal.

De plus « chacun doit retrouver ses intérêts dans le cadre d’un accord intelligent gagnant-gagnant » a relaté par la suite Kamel Ben Miled, directeur général de l’Aviation civile en Tunisie. Pour Richard Soubielle, vice-président du Syndicat national des agents de voyage (SNAV) en France, « il ne faut pas avoir peur de l’Open Sky et une stratégie défensive ne sert à rien » a-t-il dit. « Au contraire, il faut préparer le projet avec pugnacité et adopter une stratégie offensive » a-t-il martelé. Il a également estimé que « les compagnies aériennes doivent mettre la main dans le cambouis » et que « les agents de voyages doivent s’organiser désormais autour de cette réalité ». Dans le même ordre d’idées, la FTAV appelle les opérateurs touristiques tunisiens, en premier lieu les agents de voyages, à faire de l’Open Mind et de l’Open Data leur credo lorsque l’Open Sky entrera en vigueur. Pour les rassurer davantage, elle les qualifie de « créatifs, innovants et capables de trouver des produits de niche » pour faire face à la concurrence.

Aide et assistance technique

A l’issue des deux précédents rounds de négociations, un protocole de coopération et de soutien au développement de l’aviation civile en Tunisie a été signé avec l’Union européenne qui s’est engagée à apporter une aide et une assistance technique à l’aviation tunisienne. Le troisième round connaîtra sûrement des avancées vers un accord global qui doit aboutir à l’ouverture totale et complète du ciel tunisien. Quoi qu’il en soit, et de l’avis même de nombreux intervenants à la conférence, malgré un contexte caractérisé par une crise économique profonde, nos compagnies aériennes doivent s’adapter à cette nouvelle donne concurrentielle et faire preuve d’une meilleure compétitivité face à l’arrivée de ces nouvelles compagnies low cost. L’administration du Tourisme se doit de son côté de contribuer à l’effort collectif pour permettre de consolider l’attractivité de la destination Tunisie, comme l’a préconisé la Fédération tunisienne des agences de voyages et de tourisme pendant cette conférence. Plus facile à dire qu’à faire.

©Destination Tunisie

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