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Nebil Sinaoui et les 3 maux du tourisme tunisien

Nebil Sinaoui et les 3 maux du tourisme tunisien

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C’est un professionnel du tourisme qui n’a pas sa langue dans sa poche. Nebil Sinaoui, directeur général de l’hôtel Regency à Gammarth, ne prend pas de gants quant il s’agit de pointer du doigt les maux du tourisme tunisien.

Il n’accuse ni les tour-opérateurs qui ne veulent plus programmer la destination, ni les hommes d’affaires qui ne viennent plus en Tunisie, ni les compagnies aériennes qui n’offrent pas assez de sièges au départ des marchés émetteurs, ni les ambassades étrangères qui déconseillent certaines zones à leurs ressortissants. Rien de tout cela. Nebil Sinaoui accuse les trois parties responsables selon lui de « la catastrophe touristique actuelle qui a débuté avant 2010 ».

Pour lui, l’administration du Tourisme est la première responsable, à cause de ses « méthodes archaïques ». Sinaoui ne comprend pas comment un secteur aujourd’hui à 100% privé est encore géré à 100% par l’Etat. En deuxième lieu, c’est aux banques qu’il fait porter le chapeau. Il considère en effet que celles-ci ont « donné des crédits à droite et à gauche sans assurer de suivi ». En troisième lieu, il accapare les propriétaires des hôtels pour leurs pratiques, « mis à part une poignée de visionnaires ».

Objectif 2018

Nebil Sinaoui ne critique pas juste pour critiquer. Il se veut réaliste et affirme que le tourisme d’affaires et le secteur du MICE par exemple, dont il connaît particulièrement bien les rouages, « seront rattrapables en 2018 si on commence aujourd’hui à les reprendre avec de vraies décisions politiques fermes ». Car pour lui, « 2016 est déjà mort, et 2017 sera une année très difficile ». Pour tirer ses conclusions, l’hôtelier s’est basé sur des faits et des constats. En matière de tourisme d’affaires, désormais, ceux parmi les étrangers qui osent encore venir en Tunisie réduisent au maximum leur durée de séjour. On est loin de l’époque où les hommes d’affaires venaient passer 5 à 6 nuitées. Second constat, les visioconférences remplacent aujourd’hui les déplacements. Ce qui affecte l’hôtellerie d’affaires.

A l’origine de cette situation, la conjoncture qui prévaut. D’après lui, les années 2011 et 2012 ont connu une certaine dynamique sur le plan hôtelier grâce aux innombrables ONG qui sont venues dans le pays et aussi grâce aux élections. Mais la donne sécuritaire a aujourd’hui tout bouleversé. « Déjà à la rentrée en septembre, nous avions constaté une chute des nuitées, chute qui s’est accentuée en décembre 2015 et janvier 2016 (suite à l’attentat de l’avenue Mohamed V ndlr). Citant en exemple l’hôtel qu’il dirige, Nebil Sinaoui souligne que le renforcement sécuritaire est devenu une priorité absolue. « Nous sommes passés de 21 à 37 personnes chargées de la sécurité ; nous avons multiplié par trois le nombre de caméras dans l’hôtel ; nous avons mis en place un portique de sécurité à l’entrée principale ».

Part de marché en régression

Formulant le vœu de voir un jour le ministère du Tourisme devenir un ministère de souveraineté, il ne peut que déplorer la part du tourisme mondial perdue par la Tunisie. « L’OMT confirme que nous sommes passés de 0,26% à 0,15% du marché international ».

Cependant, et malgré la chute d’activité, malgré les perspectives sombres, le Regency continue d’agir, notamment dans le caritatif. En partenariat avec Tunisie Telecom, du matériel médical a été acquis récemment au profit d’un dispensaire en état de délabrement avancé, situé dans la zone rurale de Ouled Helal, près de Aïn Draham. Nebil Sinaoui et ses équipes ont en effet « cassé leur tirelire » pour également participer à la rénovation du dispensaire dans le cadre d’une action de solidarité se voulant différente de ce qui se fait actuellement.

Hédi HAMDI

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