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Les revendications sociales menacent la reprise du tourisme

Les revendications sociales menacent la reprise du tourisme

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Alors qu’ils auraient du se réjouir de la décision de la France et de l’Allemagne ce week-end de lever les restrictions de voyages sur la Tunisie (du moins sur la zone côtière et sur Djerba), rejoignant ainsi la démarche de la Grande-Bretagne, de la Belgique et de la Pologne, les professionnels du tourisme tunisien semblaient avoir de nouveaux soucis à  se faire sur un registre pour le moins inattendu, celui des revendications sociales.

Surfant sur la « tendance » du moment, des salariés de plusieurs hôtels en Tunisie se prêtent de plus en plus ces dernières semaines à  la mode du « dégage » à  l’égard de leurs supérieurs hiérarchiques et même à  l’égard de certains propriétaires d’hôtels ! Les exemples sont multiples et les anecdotes navrantes. Le cas le plus révélateur de la situation qui prévaut est celui de l’hôtel Regency à  Gammarth dont une partie du personnel (menée par des intérimaires) a malmené en fin de semaine dernière le directeur général de l’établissement (qui a été menacé avec une arme blanche) tandis que le propriétaire de l’établissement a eu droit à  tous les noms d’oiseaux. A la suite de cet incident, les 35 clients résidents ont été délogés ailleurs et l’hôtel fermé sur décision de son propriétaire (lequel propriétaire, soit-dit en passant, a vu son usine de textile brûlée pendant les événements de janvier). Le lendemain matin, le personnel s’est retrouvé face à  une grille fermée. Mis devant le fait accompli, celui-ci a décidé de faire un sit-in en face de l’hôtel… pour solliciter une reprise du travail sans condition.

Désormais à  chaque hôtel sa mésaventure mais avec, à  chaque fois, un point commun : des revendications sociales souvent impossibles à  satisfaire pour les entreprises touristiques, particulièrement en cette période de crise aigue. Si ces événements ne sont pas exceptionnels actuellement en Tunisie, dans le tourisme, ils vont sans aucun doute avoir des répercussions sur l’avenir des entreprises notamment hôtelières. Du côté des employeurs, on est ainsi sidérés d’apprendre que le gouvernement de transition a décidé de suspendre toute forme de travail sous le régime de l’intérim. Le tourisme étant marqué par une saisonnalité très prononcée, les besoins en main d’œuvre occasionnelle se fait sentir uniquement durant les pics de haute saison. Supprimer le recours à  l’intérim pour les hôtels notamment revient à  remettre en cause des options sociales certes discutables mais indispensables au regard de la physionomie de l’activité. Ce choix gouvernemental supposé assainir le secteur de l’emploi risquerait d’aboutir à  l’effet inverse.

L’exemple de l’ONTT

Mais tandis que l’on déplorait les incidents sociaux se déroulant dans les hôtels privés, une certaine catégorie du personnel de l’administration du Tourisme –dont plusieurs étaient venus de l’intérieur du pays- s’est, elle aussi, donnée en spectacle. Le 9 février, jour où une très importante délégation de tour-opérateurs français était à  Tunis pour rencontrer le ministre du Commerce et du Tourisme pour parler spécialement de la relance de la destination, plusieurs centaines de fonctionnaires de l’ONTT ont manifesté pour, également, exiger des hausses salariales et une amélioration de leurs conditions de travail. Si l’on peut considérer que leurs revendications minimales sont légitimes, le choix de la journée reste incompréhensible. Car s’il est une catégorie de fonctionnaires et de Tunisiens réellement au fait de la gravité de la conjoncture touristique nationale, ce sont bien ceux de l’administration du Tourisme. Au-delà  de la manifestation en elle-même, c’est aussi la manière avec laquelle de hauts responsables du tourisme ont été traités, en tête desquels le secrétaire d’Etat au Tourisme, Slim Chaker.
Installé depuis moins d’un mois à  ce poste, il a été conspué par les grévistes. Réagissant sur sa page Facebook, Slim Chaker n’a pas caché son amertume : « on a eu beau me présenter des excuses publiques et officielles, le mal est fait et la tristesse est là  ! » a-t-il écrit sur son mur FB.

Tunisair dans la foulée

Après les deux journées de grève sauvage du personnel de Tunisair Handling qui avaient terriblement perturbé le trafic aérien (lire notre article détaillé), ce sont cette fois les navigants de Tunisair (appelés PNC) qui ont lancé un mouvement de grève sans préavis les 11, 12 et 13 février, entraînant de très importants retards sur tous les vols de la compagnie nationale et l’annulation de plusieurs dessertes. Cette grève a toutefois été très mal perçue par les 3500 passagers touchés samedi 12 février dont certains s’en sont pris à  des PNC à  l’aéroport Tunis-Carthage, excédés par la situation et par le manque total d’informations à  propos de la situation des vols au départ.

Dimanche 13 février, Tunisair s’est retrouvée dans l’obligation de supprimer deux de ses vols sur Paris (TU 720 et 724) ainsi que ses vols sur Nouakchott/Dakar (TU 613) et Bamako/ Abidjan (TU 397), même si le mouvement a finalement cessé en début d’après-midi. « Le personnel réclame notamment la titularisation des personnes remplissant les conditions, le règlement des situations des agents saisonniers et leur attachement à  renoncer à  leur demande relative à  l’abandon de la décision signée en juillet 2009, stipulant la réduction du nombre de navigants à  bord (stewards et hôtesses de l’air) sur les vols réguliers et irréguliers afin de travailler dans des conditions meilleures » a annoncé le personnel dans un communiqué.

Alors que plusieurs tour-opérateurs ont déjà  rouvert les réservations et s’apprêtent à  relancer la destination, la question qui se pose aujourd’hui est de savoir si la compagnie Tunisair sera en mesure d’assurer ses vols sans que ceux-ci ne soient perturbés par la nouvelle génération de grévistes en herbe.

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