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Le tourisme tunisien se prépare à  son pire hiver de l’histoire

Le tourisme tunisien se prépare à  son pire hiver de l’histoire

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La filière touristique tunisienne retient son souffle : l’hiver 2012-2013 s’annonce calamiteux. L’état des réservations est le plus bas jamais enregistré à  ce niveau de l’année selon plusieurs hôteliers. Le plus triste dans l’affaire, c’est que les perspectives étaient des plus optimistes avec une croissance attendue des arrivées pour la fin d’année et pour le début de 2013. Sauf qu’à  partir du 15 septembre, la tendance s’est totalement inversée avec un flot d’annulations, en particulier au départ de la France, premier marché émetteur de touristes sur la Tunisie. En cause, l’attaque de l’ambassade US à  Tunis le 14 septembre puis suite aux différents faits divers que les médias internationaux, et en premier lieu desquels les français, ne se sont pas privés d’évoquer.

Le marché français très affecté

Vendredi dernier, l’administration du Tourisme a organisé une réunion de crise au sujet du marché français (et belge) présidée par le ministre du Tourisme, Elyès Fakhfakh, en présence des présidents des deux fédérations professionnelles (FTH et FTAV) ainsi que de quelques hôteliers, des compagnies aériennes Tunisair et Nouvelair, de plusieurs représentants de T.O français en Tunisie ainsi que d’un T.O tunisien opérant au départ de la France. Il se trouve que lors de cette réunion, la position du ministre était totalement à  l’opposé de celles des opérateurs : autant Elyès Fakhfakh s’est montré optimiste sur la situation du secteur, autant la filière touristique a fait part de ses inquiétudes face à  la réalité du terrain.

Il faut dire que la Tunisie avait prévu de passer la barre du million de touristes français cette année. Avec l’excellente moisson estivale et les réservations pour l’arrière-saison, on s’était même permis d’espérer 1,1 million de visiteurs en provenance de l’Hexagone. C’était cependant sans compter sur le retournement de situation survenu. Au cours de la réunion, le ministre a estimé que les médias français avaient exagéré la situation sécuritaire prévalent en Tunisie. Mais il est évident que les dernières violences salafistes et la prolongation annoncée de l’état d’urgence de trois mois ont fini par réduire à  néant tous les espoirs d’une reprise rapide.

La programmation charter des voyagistes a subi de nombreuses annulations. Le premier T.O français sur la Tunisie, Marmara, a même réduit de 50% ses capacités aériennes initialement prévues et a totalement annulé ses activités sur le Continent. Le voyagiste se concentre donc sur Djerba uniquement. Sur l’Île justement, la situation n’est pas plus réjouissante. L’hôtel Radisson Djerba, fleuron de l’hôtellerie insulaire, pourrait fermer ses portes pour insuffisance de clients cet hiver. Thomas Cook France, de son côté, ne s’est pas fait prier pour fermer son Jumbo Club de l’hôtel Homère. Le voyagiste a enregistré 35% d’annulations au départ de ses différents marchés vers la Tunisie (sauf au départ de l’Angleterre), selon les différents éléments présentés au cours de la réunion.

Baisse de la cote de confiance

La question que tout le monde se pose aujourd’hui est de savoir si le gouvernement –et en premier lieu le ministre du Tourisme- sont réellement conscients que la chute drastique de l’activité touristique pourrait très bientôt avoir des répercussions désastreuses sur l’économie tunisienne ? Nombreux sont les opérateurs qui rappellent que les vacances actuelles de la Toussaint donnent traditionnellement lieu à  des taux d’occupation qui frôlent les 100%. Cette année, tous les hôtels avaient des disponibilités et aucun d’eux n’a fait le plein. «Les clients qui sont venus sont en réalité des revenants qui connaissent bien le pays mais nous n’avons pas eu de nouveaux touristes» explique un hôtelier dépité. Il est donc clair que les défaillances sécuritaires et les tensions idéologiques n’encouragent absolument pas les touristes à  venir en Tunisie.

Face à  cette chute évidente de la cote de confiance de la destination Tunisie, l’ONTT a passé un accord avec une agence de communication française pour des actions de relations publiques. Sauf que le budget consacré, de 7000 euros, laisse craindre que le champ d’action de l’agence ne soit très limité. Pour faire revenir la confiance, le travail d’une agence, aussi performante soit-elle, ne donnera de toute évidence aucun résultat. Seul un retour au calme absolu permettra à  la destination de retrouver son rythme de croisière. Mais en attendant, il est clair que la sympathie révolutionnaire des Européens à  l’égard du peuple tunisien s’est aujourd’hui estompée et ne paye plus.

Hédi HAMDI
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