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L’après Bardo ou le grand retour de la langue de bois

L’après Bardo ou le grand retour de la langue de bois

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Avec ou sans Ben Ali, les politiques ne peuvent décidément pas s’empêcher d’user de la langue de bois même quand la situation est gravissime. Sinon, comment expliquer ces messages rassurants que la ministre du Tourisme, Selma Elloumi-Rekik, relaye sur les plateaux radios et TV arguant qu’il n’y a pas d’annulations touristiques grâce au soutien que tout le monde témoigne à l’égard de la destination après les attaques terroristes du musée du Bardo.

On ne peut qu’être sidérés face à ces déclarations surréalistes. Car n’en déplaise à madame la ministre, les professionnels du tourisme ont bel et bien commencé à enregistrer des annulations. Si celles-ci ne sont encore que sporadiques (notamment des petits groupes pour des agences de voyages ou des congrès très proches dans certains hôtels), il suffisait d’aller au carnaval de Hammamet ces jours-ci pour apprendre que les artistes maltais avaient annulé leur participation et que les Slovaques avaient décidé de faire leurs valises et quitter le pays avant même le début de l’événement.

Dans ce même ordre d’idée, comment ignorer que les autorités polonaises ont également demandé aux T.O de suspendre les vols programmés vers la Tunisie pour la période à venir. Une agence comme Voyages 2000, spécialiste de ce marché, a déjà enregistré l’annulation de 500 dossiers ces derniers jours et craint le pire pour l’avenir. Que dire des compagnies de croisières MSC et Costa qui, dès le jour de l’attentat, annonçaient qu’elles supprimaient l’escale de Tunis dans leurs programmes.

Alors comment oser affirmer face aux médias que le tourisme n’est pas affecté ! Cela nous renvoie à un événement tout aussi sombre dans l’histoire du tourisme tunisien, l’attentat de Djerba en 2002 que les autorités de l’époque avaient voulu faire passer pour une explosion de bouteille de gaz en premier lieu avant d’être rattrapées (puis dépassées) par la réalité. La tentative de manipulation des masses n’avait fait qu’aggraver le cas de la Tunisie. Mais l’on n’a de toute évidence pas retenu les leçons de l’histoire.

Aujourd’hui, alors que les professionnels du tourisme sont ébranlés par ce qui s’est passé et par ce qui les attend, que le gros des réservations doit théoriquement commencer dans les prochains jours, (dans un environnement où le early-booking ne représente qu’une petite part des réservations), il est absolument inconcevable d’entendre dire qu’il n’y a pas d’annulations et que tout compte fait, tout va bien madame la marquise.

S’il y a matière à s’inquiéter, c’est donc réellement pour les réservations à venir de la masse (le gros de la clientèle balnéaire traditionnelle) qui ne se feront probablement pas si l’on s’en tient aux discours fades que l’on entend ici et là depuis quelques jours et qu’aucun plan de sauvetage immédiat n’a été pensé par l’administration du Tourisme.

En tout état de cause, les prochaines vacances de Pâques constitueront un avant-goût de ce qui attend réellement le tourisme tunisien en 2015.

Hédi HAMDI

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