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La vérité sur les hôtels tunisiens endommagés pendant et après la révolution

La vérité sur les hôtels tunisiens endommagés pendant et après la révolution

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Les hôtels n’ont pas échappé à  la violence urbaine qui a accompagné la révolution tunisienne. Plusieurs établissements ont été endommagés avec, pour certains, des dégâts considérables. Cependant, on n’a dénombré aucune victime car ce ne sont pas les clients de ces hôtels qui étaient visés, encore moins leurs employés.

Il faut néanmoins souligner que la majorité des événements a eu lieu à une période où, d’abord, l’activité touristique était nulle et, ensuite, en l’absence des forces de l’ordre alors démobilisées. Les actes de vandalisme n’ont toutefois pas concerné les principales zones touristiques (exception faite d’incidents sporadiques à  Tabarka plus ou moins graves).

On distingue également deux phases de troubles. La première au cours de la mi-janvier au plus fort de la contestation populaire et la seconde caractérisée par des troubles régionaux ponctuels, voire isolés. Dans deux cas précis, ce sont plus les propriétaires des établissements qui étaient visés à  travers les actes de violence enregistrés, tous les deux à  Tabarka, ciblant deux personnes différentes, accusées d’avoir été des proches du régime déchu.

Tabarka, week-end du 9 avril

Les derniers troubles en date ont eu lieu justement à  Tabarka, le week-end du 9 avril, au cours duquel deux établissements touristiques notamment, appartenant à  la famille Daboussi, ont été pillés. Il s’agit d’abord d’un tout nouvel hôtel de santé de 150 lits en cours de finition appartenant à  Jilani Daboussi, médecin, ancien maire de la ville et actuel président de la fédération régionale de l’hôtellerie du Nord-Ouest. Ensuite, l’hôtel de charme Zen (4*), appartenant à  son fils, Sami, dont le rez-de-chaussée a été vandalisé mais sans être brûlé comme l’ont annoncé certains. Dans une première étape, les médias officiels ont fait état d’une vindicte populaire à  l’encontre de Daboussi, contesté par une partie des habitants de la cité du Corail. L’affaire, qui fait actuellement grand bruit, pourrait en fait être un acte isolé commandité par d’anciens membres du RCD au nombre d’une quarantaine et non pas de 2000 tel qu’il a été annoncé au départ. Contactée par DestinationTunisie.info, la famille déclare avoir reçu des menaces quelques jours auparavant et nous a transmis des échanges survenus sur Facebook à  la fin du mois de mars où la famille est accusée d’être «ennemie du peuple». Toutefois, et la suite de ces événements, l’UGTT, à  travers son antenne régionale de Jendouba, a publié un communiqué officiel dans lequel elle dénonce les actes commis qui ont également touché la clinique d’hémodialyse locale, deux ambulances ainsi que des voitures appartenant à  Daboussi. La centrale syndicale s’inscrit en faux contre les événements survenus refusant « les jugements populaires ». A la justice désormais de se prononcer.Quelques semaines auparavant, c’est l’hôtel Témime à  Menzel Témime qui avait été endommagé à  la suite d’une manifestation locale qui a dégénéré en véritable guérilla urbaine.

Un mois de janvier très chaud

Au cours des événements du mois de janvier à  Tabarka, et alors que l’hôtel Dar Ismaïl (4*) [photo], propriété de Youssef Mimouni, s’apprêtait à  être géré par la chaîne Golden Tulip, des manifestants ont mis le feu à  une partie de l’établissement. Seules quelques chambres et une partie de la réception auraient été touchées. Le propriétaire des lieux a annoncé à  la presse que 30% de son hôtel avait été détruit, ce qui est contesté par des proches du dossier. Depuis, des travaux ont été entrepris et la partie endommagée est désormais comme neuve. A quelques km de là , à  la sortie de Nefza, c’est le petit hôtel Erraouabi (3*) qui a été endommagé au plus fort de la révolution. Durant cette même période, l’hôtel Thugga à  Téboursouk a, lui aussi, été vandalisé.
A Korbous, l’hôtel Dar Ismaïl Les Sources (3*), qui a ouvert ses portes il y un an après une rénovation complète (appartenant aussi à  Mimouni) a été totalement saccagé. Si aujourd’hui, l’intéressé semble avoir maille à  partir avec ses assureurs, certaines parties n’hésitent pas à  rappeler que l’hôtel avait été ouvert il y a un an sans autorisation préalable des autorités de tutelle. Dans la même localité, l’hôtel et la résidence Les Thermes (2*), spécialisés dans le tourisme thermal, ont fait l’objet de vols mais sans incendie. Le complexe appartenait à  Moncef Trabelsi. Il est désormais sous la tutelle d’un administrateur judiciaire et sa réouverture est imminente au vu des services qu’il rend à  la clientèle locale dans sa spécialité.D’un autre côté à  El Fahs, le complexe touristique et culturel Dar Ezzit (propriété de Lassaâd et Viktoria Hassouna), situé sur un domaine de 440 hectares avec une composante d’hébergement de 8 bungalows, a subi des actes de vandalisme dont le coût est estimé à  600.000 dinars. La plus grosse perte serait celle d’une huilerie remontant à  l’époque romaine.

Mais les dégâts les plus importants ont surtout été enregistrés dans le sud-est. L’hôtel Dar Ismaïl Les Dunes (3*), (appartenant encore à  Mimouni), a pour sa part été complètement pillé et incendié. Il est actuellement en état de ruine. Dans cette même région, l’hôtel Fawar (3*) appartenant à  Mongi Karaouli, a lui aussi été totalement ravagé. Selon des témoins que nous avons joints, même le carrelage du sol a été arraché avant que l’établissement ne soit la proie de flammes. Le fait que cet hôtel se situe dans une zone totalement isolée a certainement encouragé les vandales à  exercer leur basse besogne en toute impunité Le campement Najaâ, l’un des plus importants de la région, a aussi été volé puis brûlé totalement.La zone touristique de Douz a, pour sa part, été épargnée grâce à  la mobilisation des habitants de la région et des promoteurs qui ont protégé les installations en plaçant des vigiles aux abords des hôtels.

Trois questions fondamentales se posent aujourd’hui : les assurances indemniseront-elles les promoteurs (si tant est que les hôtels étaient couverts contre les émeutes et les mouvements populaires) ? Que va-t-il advenir du personnel employé dans ces établissements et qui se retrouve aujourd’hui au chômage forcé ? La justice sera-t-elle capable de retrouver puis de juger les responsables de ces actes ?

 H.H
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