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LES PROFESSIONNELS DU TOURISME SORTENT DE LEUR RESERVE ET DEBALLENT LEUR TROP PLEIN

LES PROFESSIONNELS DU TOURISME SORTENT DE LEUR RESERVE ET DEBALLENT LEUR TROP PLEIN

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« Nous lançons un appel aux partis politiques pour qu’ils prennent le tourisme en considération »

« Avec l’administration, rien n’a changé puisque l’on décide toujours pour nous »

Les fédérations professionnelles du tourisme auraient-elles engagé leur propre révolution ? Les présidents de la FTH (Fédération tunisienne de l’hôtellerie) et de la FTAV (Fédération tunisienne des agences de voyages) ont tiré aujourd’hui la sonnette d’alarme et ont fait savoir ouvertement à  l’opinion publique que leur secteur est actuellement sinistré. Pour Mohamed Belajouza, président de la FTH, l’élan de sympathie international dont a bénéficié la Tunisie grâce à  la révolution n’a finalement pas servi le tourisme lequel se retrouve aujourd’hui totalement empêtré dans la crise à  cause des conséquences de la conjoncture post-révolutionnaire, de la situation en Libye et des multiples sit-in et grèves qui paralysent la bonne marche économique de la Tunisie. «Notre souci est aujourd’hui de sauver les postes d’emplois qui se chiffrent entre 400 et 500.000, à  2 millions si l’on considère les personnes qui vivent du secteur». M. Belajouza s’exprimaient dans le cadre d’une conférence de presse conjointe avec la FTAV organisée à  Tunis afin de rendre compte dans détour ni ambages de la situation prévalant actuellement. Pour Tahar Saïhi, président de la FTAV, «la saison touristique n’est pas difficile mais catastrophique et tous les chiffres sont dans le rouge».

Des solutions concrètes

Pour tenter de sauver les meubles, la profession avait, dès le mois de février, transmis un certain nombre de doléances au gouvernement, lesquelles ont été par la suite mises à  jour en fonction de l’évolution de la situation et soumises en Conseil des ministres le 22 avril 2011. «Nous n’avons pas demandé aux autorités d’aide financière ni d’abandon des créances, a tenu à  souligner le président de la FTH. Nous avons demandé un report d’échéances pour le paiement de nos factures de la STEG et de la SONEDE par exemple, de même que nous avons demandé des facilités de caisse pour payer au moins les salaires et des rééchelonnements bancaires le temps que la situation s’améliore». Mais selon M. Belajouza, ces demandes sont restées lettre morte et il n’y a pas eu de promulgation du moindre décret dans ce sens à  la date du 2 juin 2011. «C’est comme si l’on ne reconnaissait pas notre secteur» s’est insurgé le président de la FTH, demandant les mêmes avantages que ceux obtenus par l’industrie ou l’agriculture par exemple.
Du côté de la FTAV, on évoque le risque de ne pas pouvoir payer les salaires et de ne pas être capables de tenir les engagements financiers dans un secteur qui compte 700 agences de voyages et qui gère un parc de 3300 grands bus, 848 micro-bus, 468 mini-bus et 1627 véhicules tout-terrains (4×4). En matière de billetterie, le secteur génère 220 MD de chiffres d’affaires tandis que la Omra en génère 35 MD. Quant au tourisme réceptif, son chiffre d’affaires représente à  peu près un cinquième des recettes touristiques globales. Tout le secteur emploie 10.000 personnes de manière directe et indirecte selon les chiffres avancés par Tahar Saïhi.

Situation dans les régions

Dans le contexte actuel, aucune région n’est aujourd’hui épargnée par la crise. «A Djerba, 27 hôtels qui auraient dû rouvrir leurs portes après l’hiver sont toujours fermés et ne savent pas quand ils pourront rouvrir» a annoncé Jalel Bouricha, président de la Fédération régionale de l’hôtellerie de Djerba-Zarzis. Evoquant les rapports avec l’administration, M. Bouricha a estimé que «rien n’a changé et que l’on décide toujours pour nous» et qu’il était temps d’«arrêter la mascarade». Il a également rappelé l’impact du tourisme «qui rejaillit sur tous les secteurs économiques et sur la promotion régionale». Dans la région de Hammamet et Nabeul, Habib Bouslama, président de la Fédération régionale de l’hôtellerie, estime pour sa part que le secteur s’est effondré de 70%. «C’est la traversée du désert depuis 6 mois puisque nous sommes en crise depuis novembre dernier» a-t-il déclaré.

Mais l’objet de cette première conférence de presse indépendante de la FTH et de la FTAV était aussi de transmettre certains messages à  qui de droit. D’abord un message au consommateur tunisien pour lui certifier que le tourisme local n’était pas «la 5e roue de la charrette» comme certains le laissent penser mais qu’il était placé en 3e position en termes de nuitées et qu’il fallait continuer à  travailler pour qu’il atteigne 30 à  35 du volume global des nuitées. Pour Afif Kchouk, président de la commission Marketing à  la FTH, «selon les statistiques de 2009, les nuitées des Tunisiens ont atteint 3 millions et certainement plus en 2010». Au passage, les intervenants n’ont pas manqué de souligner que le tourisme local avait encore besoin de se structurer, signalant au passage la nécessaire amélioration du comportement de certains Tunisiens dans les hôtels. Quant à  Tahar Saïhi, il a déclaré que les anciens ministres du Tourisme, et notamment le dernier en poste, n’avaient cure du tourisme local !

L’autre message non moins important transmis lors de la conférence concernait le fonds de compétitivité auquel sont astreints les hôtels et les agences de voyages (à  travers une taxe de 1% sur leur chiffre d’affaires ou sur leur nombre de sièges roulants). Mohamed Belajouza a rappelé qu’il était nécessaire que tous les secteurs bénéficiant de la manne touristique contribuent à  alimenter ce fonds. «Pourquoi le transport terrestre est-il soumis à  la taxe et pas le transport aérien ? Pourquoi les banques, par qui transitent les devises et qui facturent des commissions, ne participent-elles pas ? Idem pour l’Agence du patrimoine et pour les restaurants touristiques».

Et le président de la FTH de rappeler également que la profession a proposé de mettre en place une taxe d’entrée pour les touristes étrangers arrivant en Tunisie et qui servirait exclusivement à  la promotion du secteur, taxe qui n’avait pas été acceptée par l’ancien régime. Mais le message de la FTH et de la FTAV ce matin à  Tunis était aussi d’ordre politique et adressé aux partis actuellement en campagne : «nous lançons un appel aux partis politiques pour qu’ils prennent le tourisme en considération, notre politique est celle du tourisme et nous défendons sa cause, nos positions sont connues et nous n’accepterons jamais que notre secteur soit relégué au 3e plan» ont déclaré conjointement les présidents des deux fédérations. Un message on ne peut plus clair qui s’adresse aux partis actuellement en lice pour la prochaine présidentielle mais qui ne semblent pas tous avoir pris la juste mesure du tourisme et du lobbying puissant qu’il est capable de constituer. Avis aux concernés.

Hédi HAMDI
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