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Billetterie aérienne : bientôt le bout du tunnel pour les agences ?

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Dans les milieux professionnels de la vente des billets d’avions en Tunisie, de grands changements devraient intervenir prochainement grâce à  la mise en place prochaine par la FTAV d’un « programme de garantie solidaire et d’entraide » destiné aux 230 agences de voyages billettistes agréées par l’IATA qui sont appelées aujourd’hui à  adhérer sans rechigner.

Par Mohamed B Khemaïs

Irritée par l’interventionnisme à  outrance de l’IATA (l’Association internationale du transport aérien), qui durcit d’année en année les critères financiers à  l’égard des agences de voyages tunisiennes accréditées, se traduisant par des garanties bancaires astronomiques (jusqu’à  1,6 million de dinars pour certaines), la Fédération tunisienne des agences de voyages (FTAV) a fini par prendre le taureau par les cornes. Mohamed Ali Toumi, président de la fédération, et son équipe, se sont jurés d’affranchir la communauté des agences de voyages du fardeau de la caution bancaire en se lançant le défi de son premier mandat de président de la fédération nationale de mettre en place un programme de garantie dont la cagnotte sera entièrement financée par les adhérents FTAV agréés IATA.
Les premières à  en profiter seront certainement les compagnies aériennes qui ne verront plus leurs produits de ventes soumis aux aléas d’un défaut de paiement, par le BSP déclaré, servis rubis sur ongle. Mais les bénéficiaires réels seront les agences elles-mêmes qui feront un pied de nez aux banques, aussi exigeantes que voraces en agios. Ces cautions bancaires qui ont coûté à  certaines agences jusqu’à  l’hypothèque de bien personnels !
Le mérite de cette formule n’est pas l’équation financière et la garantie uniquement, mais un facteur psychologique déterminant pour les deux partenaires : agents de voyages et compagnies aériennes seront désormais sécurisés et pourront exercer leurs activités dans la confiance et la sérénité.

Principes fondamentaux du concept

Le schéma consiste en un compte spécial alimenté par les cotisations des adhérents au programme qui sera administré par une structure interne FTAV appelée « Commission de Gestion et d’Entraide » (CGE). L’assiette de calcul des cotisations – en cours de simulation nous indique le président FTAV- sera basée sur le chiffre d’affaires annuel BSP, net cash, réalisé sur une rétrospective de 3 ans, par l’agent de voyages postulant la couverture. Mohamed Ali Toumi, sans divulguer l’essentiel qui sera dit à  ses membres d’abord, nous précise toutefois que la formule d’adhésion sera équitable, en ce sens qu’elle sera établie en fonction de la dimension de l’agence. Dans ce contexte et en ce qui concerne les « droits d’entrée », pas moins de neuf paliers ont été établis pour identifier les petits, les moyens, les grands, et les plus grands, partant d’un plancher de 250.000 dinars de chiffre d’affaires annuel, à  un plafond de 7 millions de dinars. Rappelons que n’est pas éligible qui veut à  ce projet puisqu’un cahier des charges (pratiquement finalisé) énonçant des critères rigoureux de l’historicité de sa solvabilité, tant auprès de IATA que dans son exercice professionnel sur le marché.

A un moment où la fédération nationale a besoin de constituer son fonds dans les meilleurs délais, les retardataires seront-ils soumis à  des frais de retard ? Une structure interne d’administration et de gestion FTAV (dite CGE ou Commission de Garantie & d’Entraide), composée de 4 membres du conseil de la FTAV et de 4 experts (juridique, fiscal, assurance et affaires IATA), assurera le fonctionnement de tout le mécanisme. Elle devra être épaulée par un « Comité de Surveillance mixte IATA/FTAV » qui passera au crible, au jour le jour, la situation financière de chaque adhérent au programme, afin d’éviter les « défaillances préméditées » éventuelles (qui seraient incriminées et poursuivies en justice).

Quid de la formule de cotisation

Dans un message aux membres de la FTAV, son président, Mohamed Ali Toumi, a indiqué que la cotisation sera articulée sur deux variantes :

1. Un droit d’entrée forfaitaire fixe perçu une seule fois ; chaque droit correspondant à  un palier selon le chiffre d’affaires.
2. Une cotisation annuelle variable selon un taux indexé (sur le chiffre d’affaires) dont le pourcentage reste à  établir par l’équipe d’experts FTAV, mais en aucune manière il ne dépassera 1%.

Pour une petite agence de voyages réalisant 300.000 dinars par an, les droits d’entrée fixes ne dépasseraient pas 5000 dinars (perçus une seule fois). S’y ajouterait la cotisation annuelle variable à  un taux indexé sur le chiffre d’affaires. Ce taux serait :
-Hypothèse A : 1% soit 3000 dinars/an (ce taux est de 1,5 % pour le Fonds GAV-AOC –Afrique Centrale & de l’Ouest) ;
-Hypothèse B : 0,85% soit 2550 dinars/an.

En d’autres termes, l’adhérent au programme paierait entre 7550 et 8000 dinars pour la première année et 3000 dinars chaque année suivante…
La FTAV étudie tous les scénarii pour comprimer au maximum les frais d’adhésion de ses membres au programme de garantie et agit sur toutes les composantes de l’assiette.
Elle demeure assujettie toutefois à  un montant de lancement d’un compte bancaire raisonnable et réaliste, de nature à  satisfaire les compagnies aériennes et l’IATA.
Le programme serait, sur un autre plan, ouvert aux compagnies aériennes si elles le désirent, s’agissant somme toute de leur argent qu’elles contribueraient à  protéger.
Certaines compagnies craignent que la participation au programme ne soit instrumentalisée comme moyen de concurrence : « si tu vends ma compagnie, je t’aide à  garantir mon produit de ventes ! » Ce qui est logique en fin de compte, et certainement beaucoup plus raisonnable que de reverser des ristournes « under the table ».

Un test pour jauger la solidarité des opérateurs du secteur

La fédération internationale (Fédération des unions d’associations d’agences de voyages – UFTAA) a qualifié l’initiative de la FTAV « d’excellente », et a encouragé la FTAV à  finaliser le projet.
Pour la première fois de son histoire, la FTAV érige et construit… Ce méga-projet est de toute évidence très sérieux et pragmatique. Là  où des opérateurs d’Afrique centrale et de l’ouest ont réussi, les Tunisiens ne peuvent pas et ne doivent pas échouer ! L’initiative interpelle les 230 agents accrédités IATA en Tunisie et les met à  l’épreuve. Ce projet constitue sans nul doute un modèle associatif et corporatif national et mondial. Il s’agit, à  notre humble connaissance, du 3ème après l’APS (Association Professionnelle de Solidarité – France) et le Fonds de Solidarité d’Afrique Centrale et de l’Ouest (Fonds GAV-AOC).

Aussi, et à  présent que la nouvelle équipe de gouvernance de la FTAV se bat farouchement sur tous les fronts pour défendre les intérêts de la collectivité, les adhérents à  la fédération devraient saisir l’occasion pour prouver leur degré d’engagement et de solidarité, et faire acte d’adhésion. Il est vrai que certaines agences accréditées IATA ne sont pas soumises à  une caution bancaire jusqu’à  aujourd’hui, mais attention ! Ils ne seront pas à  l’abri demain, car l’IATA est à  l’affût et les examens financiers selon la procédure en vigueur sont systématiquement menés chaque année par cette association. Il serait évident aussi que la réussite de ce projet ouvre la voie à  la mise en exécution d’une série d’actions stratégiques ciblant la réduction des coûts supportés par les membres de la FTAV et la diversification de la gamme de produits commercialisés : ADM’s, redevances Amadeus, problèmes de ventes et d’accès aux tarifs, intermédiation de la Omra et Haj, constituent autant de priorités inscrites à  l’agenda de la FTAV qui viendraient dans le sillage de la réalisation de ce projet. Dossier à  suivre…

M.B.K
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