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Dr Boutheïna Ezzine : 1000 bougies pour Fêter l’Aïd à Sousse

Dr Boutheïna Ezzine : 1000 bougies pour Fêter l’Aïd à Sousse

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Les maires de Nice et de Marseille à Sousse pour passer l’Aïd en soutien au tourisme tunisien.

Le 26 juin date du carnage perpétré à Sousse, qui a coûté la vie à 40 touristes étrangers, correspond malheureusement désormais à la date où la Tunisie a sombré dans l’horreur. Des milliers de séjours touristiques annulés, l’état d’urgence décrété dans la foulée, des ressortissants britanniques, danois, irlandais appelés à quitter le territoire… Après, qu’en est-il du tourisme aujourd’hui ? Que faire pour sauver les meubles ? C’est ce à quoi ont voulu répondre les associations de la société civile avec l’opération « Tous pour un Aïd à Sousse, tous pour un été à Sousse ». Aussi et histoire d’en savoir plus, nous avons demandé au Docteur Boutheïna Ezzine, porte-parole de cette opération, de revenir en détails sur cette fête qui illuminera le cœur des Soussiens et des Tunisiens.

En quoi consiste cette manifestation ?

L’alliance tunisienne contre le terrorisme a quatre associations : Association Utile, Tunisiennes contre le terrorisme, l’Organisation tunisienne de protection des journalistes et le Centre de développement des médias. Nous savons tous que la Tunisie a reçu un grand coup pour le tourisme après l’attentat du Bardo, toutefois les meubles ont pu être sauvés grâce notamment à une bonne communication de sorte à dire « faites nous confiance et vous allez voir ». Cela voulait dire « on va mettre en place ce qu’il faut pour les touristes etc. » Or, ce peu de confiance après l’attentat du Bardo a été complètement détruit et « la cerise sur le gâteau » a été quand le ministre des Affaires étrangères britannique a dit de quitter le territoire tunisien aux 3000 touristes britanniques et à des centaines de résidents à Tunis. Suite à ce coup là, nous avons compris que nous n’aurions plus de touristes et les experts du tourisme disent que dans quelques semaines, nous aurons zéro réservations de l’étranger ; alors nous nous sommes dits, « nous, que peut-on faire ? » Et surtout, nous devons faire quelque chose ! L’idée est claire : « comment sensibiliser le Tunisien par rapport aux dangers qui guettent le pays ? » C’est un vrai danger mais en même temps, « comment aussi lui transmettre de l’espoir ; on se dit « allez main dans la main, nous pouvons faire quelque chose pour le pays ! Commençons par cette saison, sauvons ce que nous pouvons sauver ». Et c’est pourquoi nous voulons que les gens se mobilisent en allant dans les hôtels pour y passer leurs vacances. Disons que l’opération « Tous pour un Aïd à Sousse, Tous pour un été à Sousse » est une action pilote.

Les trois jours s’appellent une action pilote, mais comptez-vous faire d’autres manifestations dans le même style ?

Nous comptons sur les médias pour prendre la relève après ces 3 jours, nous sommes  en train de la mettre en place. Et pourquoi il faut réussir cette action, parce que si nous la réussissons, les autres hôteliers vont suivre.

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Donc, cela concerne juste un hôtel ?

Oui, c’est juste un hôtel, nous ne le connaissions pas. Nous sommes partis à Sousse juste à côté de l’Impérial Marhaba que nous n’avons pas choisi parce que le Tunisien ne va pas se rendre là bas, il est encore choqué 

Aujourd’hui, nous écoutons plus les hôteliers qui font des promotions pour les Tunisiens parce qu’il ne faut pas se mentir, même les Tunisiens ont un malaise : le Tunisien qui va à l’hôtel est mal accueilli. Il faut que les hôteliers tunisiens fassent tout pour que les Tunisiens passent leurs vacances dans les hôtels. Comme ça, non seulement ils réduisent les tarifs etc. mais en plus ils changent un peu cette stratégie en préparant des tarifs abordables, des plats qui calquent mieux à notre culture…

Ainsi, la vision du Tunisien vis-à-vis de l’hôtel changera, il faut que les Tunisiens soient heureux d’aller à l’hôtel sans cette appréhension d’être stigmatisé « arbi ». D’autre part, il y a aussi nos voisins les Algériens qui font pas mal de pub pour la Tunisie, les Marocains aussi d’ailleurs. Il y a un lycée marocain qui veut venir passer ses vacances ici pour sauver la saison, mais il y a autre chose quand on parle de nos voisins : les Libyens ! Et quoi qu’on dise aujourd’hui, les Libyens, sur le plan géopolitique, sont omniprésents.

Que se passera-t-il le soir de l’Aïd ?

Sousse, c’est la perle du Sahel, c’est le joyau de la Tunisie, c’est une ville magnifique, lumineuse qui, sans le vouloir, est devenue triste. Donc, nous voulons fêter l’Aïd là-bas pour transmettre la joie et véhiculer un message pour les gens du Sahel : « je suis Sousse et tous ensemble solidaires ». De plus, 2600 employés du secteur du tourisme ont perdu leur travail et pas que les personnes de l’hôtel. Il y a les artisans, les jardiniers, les épiciers, les glaciers, etc. Toute la roue s’est arrêtée, à qui ils vont vendre ? Les plages sont désertes.

Considérant tout cela, nous allons essayer de sauver un maximum de postes d’emplois et c’est ça l’idée : nous ne voulons pas laisser Sousse qui est la plus belle ville de la Tunisie (et je le dis même si je ne suis pas de Sousse !). De Bizerte à Tozeur, il faut que les Tunisiens partent dans les hôtels et aussi, il faut que l’hôtel fasse un effort pour que cette vision du tourisme de deux poids deux mesures change.

Au programme donc du chant Soufi le jour de l’Aïd, de l’animation pour les enfants et les grands. Nous allons planter mille bougies au bord de la plage où pratiquement s’est passé l’attentat avec du jasmin en message d’espoir et les bougies pour illuminer la ville qui ne sombrera pas dans l’obscurantisme tant que les Tunisiens seront là !

Qui participe à cet événement ?

L’ambassadeur de Grande-Bretagne, l’ambassadeur du Koweït et l’ambassadeur des Etats-Unis, il y aura des artistes comme Raouf Ben Amor, Kaouther Bardi, Imen Chérif et plein d’autres viendront allumer les bougies le deuxième jour de l’Aïd samedi soir. Et autre scoop, le maire de Nice, Christian Estrosi, et le maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin, seront à Sousse avec nous pendant l’Aïd et participeront aux plateaux radios pour lancer un message de soutien aux Tunisiens.

Est-ce vous qui avez opté pour cet hôtel ?

Oui car il se situe juste à côté de l’Impérial Marhaba et que c’est la même plage pour la symbolique. Le propriétaire du Soviva Resort (Raouf Ghadhab ndlr) nous a ouvert grand ses portes, il est formidable, il nous a dit « l’hôtel est pour vous, faites ce que bon vous semble ». Il possède une grande salle où il est prévu de faire un plateau-radio avec IFM, Express Fm et Cap Fm qui vont diffuser ensemble sur la même fréquence pour couvrir l’événement et j’espère que la télé fera un effort et viendra filmer !

Vous n’avez pas peur qu’après les trois jours, tout redevienne comme avant et que le Tunisien, quand il part à l’hôtel, trouve les mêmes tarifs, le même accueil, les mêmes conditions, etc. ?

Toutes les radios nous ont invités et nous ont écoutés et nous comptons sur vous les médias pour le matraquage et pour prendre la relève parce que tous les jours, le Tunisien doit écouter à la radio: « Va passer tes vacances à l’hôtel ». Les hôtels, quant à eux, que vont-il faire ? Ils vont appeler les radios pour leur dire qu’il y a un hôtel à Bizerte, par exemple, qui fait une promotion de tel pourcent…etc. La société civile fait tout ce qu’elle peut, mais c’est aux médias de diffuser les annonces des hôteliers et de sensibiliser les Tunisiens à sauver le tourisme et le pays !

Propos recueillis par Samantha Ben-Rehouma

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