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AMOR DEHISSY : Membre du Conseil d’administration de la FTAV (Fédération tunisienne des agences de voyages) chargé du tourisme de santé

AMOR DEHISSY : Membre du Conseil d’administration de la FTAV (Fédération tunisienne des agences de voyages) chargé du tourisme de santé

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Quel est le rôle joué par les agences de voyages tunisiennes dans le secteur du tourisme de santé ?
Contrairement au tourisme balnéaire en Tunisie, dont la commercialisation est contrôlée par des T.O étrangers, le tourisme médical est pour l’instant commercialisé par des entreprises tunisiennes (T.O ou cliniques). Toute la chaîne de valeur de l’industrie est donc maîtrisée par la destination.

Cependant, il est important de renforcer ces T.O qui on atteint une certaine taille critique et une certaine réputation afin d’éviter que des entreprises étrangères n’investissent l’industrie et qu’ainsi une part importante de la valeur ajoutée, la stratégie commerciale et le niveau des prix échappent à  la Tunisie, comme pour le tourisme balnéaire.

De la même manière que pour les T. O. étrangers, l’ONTT devrait accorder aux T.O tunisiens spécialisés dans le tourisme médical une subvention pour promouvoir la destination Tunisie. Cette subvention pourrait être liée au chiffre d’affaires réalisé. Pour ces différentes raisons, l’Etat tunisien a tout intérêt à  renforcer leur rôle.

Déjà  une concurrence déloyale semble s’être installée dans le secteur ?

En effet, une concurrence déloyale est menée par des sites Internet qui ne sont pas agréés par l’ONTT en tant qu’agences de voyages. Un T.O professionnel et agréé par l’ONTT doit faire face à  de multiples obligations légales, ce qui engendre un prix de revient plus élevé que ses concurrents.

Par ailleurs et afin d’offrir une qualité de service aux normes internationales, un T.O professionnel doit avoir une structure minimale qui grève son prix de revient et le défavorise vis-à -vis de concurrents qui ont une structure légère et qui se résume souvent à  une ou deux personnes. Faute de moyens, ces concurrents déloyaux offrent une qualité de service médiocre qui ternit l’image de marque de notre industrie.

Quand vous dites qualité de service médiocre, cela veut dire aussi bradage des prix. Quelle est votre position à  propos de ces pratiques ?
Le tourisme médical en Tunisie connaît déjà  une baisse des prix alors qu’il est sur un marché mondial en forte croissance, défiant ainsi toutes les théories économiques ! En fait, il s’agit d’un bradage des prix dû à  l’incompétence de certains opérateurs aussi bien cliniques, chirurgiens, que T.O non agréés qui ne maîtrisent pas le savoir-faire en matière d’exportation de services médicaux sur le marché international. Le bradage des prix aura inévitablement des conséquences néfastes sur la qualité des prestations médicales, provoquant ainsi des risques importants sur la santé des patients étrangers et ne peut que ternir la réputation du tourisme médical tunisien. Le bradage des prix, en plus du manque à  gagner en devises pour le pays, engendre la baisse de la qualité qui, à  son tour, engendre la baisse des prix. Le cercle vicieux est ainsi amorcé.

La grande question que se posent les personnes désireuses de venir se faire soigner en Tunisie est : s’il y a un problème après l’opération, que faire ? Avez-vous une réponse à  leur donner ?
Le suivi post opératoire reste le talon d’Achille du tourisme médical et sa principale faiblesse. C’est sur cette faiblesse précisément que les médecins occidentaux, relayés par leurs médias, réussissent à  ralentir considérablement le flux de patients en provenance des pays émetteurs.

Une solution existe pour transformer le problème du suivi post opératoire de faiblesse en véritable opportunité. En effet, un certain nombre de chirurgiens, Français notamment, sont disposés à  assurer le suivi de patients venus se faire opérer en Tunisie en échange de la possibilité d’opérer leurs propres patients dans des cliniques tunisiennes.

A mon sens, la Tunisie ne pourra pas développer son tourisme médical en Europe sans la mise en place d’un réseau de chirurgiens référents européens autorisés à  exercer en Tunisie auprès d’une « patientèle » exclusivement non résidente.

Quelles autres mesures préconisez-vous pour améliorer la situation et dynamiser le secteur ?
Il est nécessaire de se munir d’un outil administratif efficace pour développer les exportations de services médicaux tunisiens. Cet outil, c’est le conseil supérieur du tourisme médical.
Par ailleurs, l’exportation de services médicaux nécessite que les différents acteurs visent l’excellence de leurs prestations. Il est donc important que tous les maillons de la chaîne de valeur du tourisme médical (cliniques, chirurgiens, hôtels, compagnies aériennes, tour-opérateurs) appliquent les normes de services qui ont cours au niveau international.
Par ailleurs, les cliniques tunisiennes sont exonérées du paiement de la TVA pour leurs patients non résidents. Il serait logique d’étendre cette exonération de la TVA aux T.O spécialisés uniquement dans le tourisme médical vu qu’ils sont en fait des entreprises totalement exportatrices de services médicaux tunisiens.
Je pense aussi qu’il est nécessaire de se pencher sur l’amélioration de l’assurance des chirurgiens et des cliniques, de donner des garanties aux patients ou encore d’alléger les formalités de police des frontières et des douanes à  l’arrivée et au départ.

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