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2015 : le désastre touristique en 4 actes

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Que retenir de l’année touristique 2015 ? Celle de l’avènement d’un nouveau gouvernement issu d’élections reconnues par la communauté internationale comme parfaitement transparentes ayant fait entrer la Tunisie dans le cercle des démocraties internationales?

Celle d’un Prix Nobel de la Paix attribué à la surprise générale mais qui aurait dû servir le tourisme et son image ? Il n’en est rien. Car la Tunisie aura finalement vécu le pire des scénarios pour une destination touristique : 3 attentats dont 2 visant directement des touristes.

Acte 1 : au musée

Dans l’argumentaire utilisé jusque-là dans la promotion touristique, on se prévalait d’être une destination « safe ». A partir de janvier 2011, on s’est rabattus sur la notion de révolution interne sans qu’un touriste étranger n’ait jamais été inquiété. Mais l’argument s’est effondré un certain 18 mars 2015, quand 21 malheureux croisiéristes ont payé de leur vie leur soif de découvrir l’un des hauts lieux de l’Histoire de la Tunisie, le Musée du Bardo, sous les balles de terroristes. Conséquence pour le tourisme : plus aucun bateau de croisières n’est revenu jeter l’ancre au port de la Goulette depuis ce jour funeste.

Acte 2 : sur la plage

A la suite de cela, on a brandi la thèse de l’acte isolé, en engageant dans la foulée une campagne de communication internationale très approximative reposant sur un message décliné dans toutes les langues : « cet été, je vais en Tunisie ». Durant 3 mois, le slogan a été utilisé à toutes les sauces, misant encore sur l’estime qui prévalait à l’égard du pays et de son tourisme… jusqu’à un certain 26 juin 2015 qui a ôté la vie à 40 touristes qui ne demandaient qu’à bronzer tranquillement au bord de la plage de leur hôtel à Sousse. Ce fut le coup de grâce pour le tourisme balnéaire.

Il n’en fallait pas plus en effet pour que la pyramide touristique bâtie pendant près de 6 décennies, en équilibre précaire depuis 2011, ne finisse de s’effondrer presque totalement.

Acte 3 : sur l’avenue

Le 3e attentat qui a frappé la Tunisie n’a pas touché directement des touristes mais c’est tout comme. Sur l’un des axes principaux de la capitale, il visait certes la garde présidentielle, mais il a également frappé de plein fouet le tourisme à Tunis dont le secteur du tourisme d’affaires se prévalait d’avoir été quelque peu épargné par la conjoncture.

Conséquence immédiate : annulation de nombre de congrès et séminaires, non seulement nationaux mais aussi internationaux, outre les innombrables annulations de réservation dans les hôtels du grand-Tunis. Sans parler de l’émoi provoqué dans le pays et bien au-delà pour les 12 vies ôtées injustement.

Acte 4 : la facture

Conséquence économique de ces actes, les arrivées touristiques en Tunisie ont chuté au cours de l’année 2015 de plus de 25% toutes nationalités confondues. Les chiffres officiels de l’ONTT (quasiment définitifs arrêtés le 20 décembre), révèlent que les Européens ont baissé de moitié par rapport à 2014 avec 1.288.891 touristes contre 2.770.290 en 2014 et 3.748.208 en 2010, dernière année de référence utilisée par le secteur.

Les marchés dits traditionnels se sont bien évidemment effondrés, notamment le marché français puisque les arrivées en provenance de l’Hexagone n’ont pas franchi la barre des 500.000 touristes, alors qu’elles avaient été à la même époque en 2010 exactement 1.358.000.

Le marché allemand a également reculé de 35,1% en un an avec à peine 217.000 touristes. Le marché anglais, après un très bon début d’année, a finalement régressé de 50% uniquement pour s’arrêter net à 207.000 touristes avant l’attentat de Sousse qui aura mis un terme aux voyages des Britanniques vers la Tunisie.

Ces chiffres sont toutefois loin de refléter la réalité puisqu’ils prennent en considération le premier semestre de l’année qui avait enregistré de très bons résultats malgré tout. A ce titre, ce qui s’est passé sur le marché italien est parfaitement révélateur de la tendance qui a prévalu lors de la seconde moitié de l’année. Connu pour être un marché presque exclusivement concentré sur les 3 mois d’été, les arrivées d’Italiens se seront effondrées de 67% avec, uniquement 82.000 touristes enregistrés toute l’année (après avoir été près de 350.000 en 2010)!

A la fin de l’année 2015, le constat est d’autant plus accablant que l’état du booking pour 2016 sur les marchés traditionnels est tout simplement dramatique à telle enseigne que certains professionnels du secteur ne donnent pas cher de leur peau pour la nouvelle année.

Hédi HAMDI

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